Vieux motard que...
Encore une dure semaine de labeur à
trader mes
warrants en
butterfly spread par gestion indicielle passive(*)… mais voici Cambrai !
(*)En clair j’ai ramassé un paquet de blé sans rien produire ha ha ha ha !Mon chauffeur peut dire merci, sans moi il arrivait bêtement par la plus proche autoroute – quelle idée !?
Je reconnais tout ému le théâtre de nos exploits pneumatiques avec Klyde et Nico, mais déjà nous filons au gîte : beau de l’extérieur, légère réfection dedans – mais avant de critiquer faudrait déjà lever ses f*sses de devant l’écran pour trouver kêkchose, hein ! Bon… Je feins la familiarité avec la bande de sportifs qui m’entoure, même s’ils feraient mieux de
tracker les dérivés US sur le marché à terme asiatique,
IMHO. On porte les vélos, les ennuis commencent : ce gros lourd de speaker indigène veut faire de moi une star !? Hé, coco ! Sur tous les
trading floors du monde, j’ai plus de sex-appeal que Madonna et Jérôme Kerviel réunis, alors hein, si t’as jamais vu un blazer-pantalon… Bref : Ze bike is in – oups ! J’ai donné un coup de roue dans la valve à Klyde ! Sans conséquence heureusement…
Cantine Jules Ferry : sympa le cadre scolaire ! Ça me rappelle mes vertes années… par contre, pas moyen de faire péter un Montrachet à 10K€ la boutanche comme la fois où on a
striké pour 20M$ de
swaps ENRON…
Après une courte nuit passée à suivre le cours du Nikkeï sur mon PdA (et me dire que le duathlon, c’est bien aussi), je file au frigo confectionner un ravito perso sans égal :
wraps Monoprix + glaçons dans sac isotherme. A cet instant précis, mon chauffeur de la veille file à l’anglaise : il est 5:14:47s du mat, j’ai même pas encore ouvert mon plat de pâtes. Bon, après tout vas-y, sans moi pour te guider sur la route il vaut mieux que tu partes en avance ! J’attaque donc mes pâtes bolognaises mais même la 3e fois, avant 6h du mat c’est dur ! Heureusement il y a les restes des
tonic cakes(TM) à tout le monde plein la table et j’oublie vite fait la règle de ne jamais rien essayer un jour de course.
Vers 6h45, l’effervescence de Klyde qui vient de péter sa valve (tiens ?..) n’égale pas celle de mes tripes : 13 heures de course en vue et toujours aucune chiotte de libre !! Il est moins dix quand je bondis hors de l’une d’elle pour donner un coup énième d’ongle à ma combi avant de pénétrer la tiédeur du canal où m’attendent 93 pompiers, 172 flics/pandores/contrôleurs SNCF plus une meuf à trois couches d’antigel sur la figure (elle frissonne quand même…)
Bang.
La nat’ en canal, c’est trop top pour nager droit ! Et pis y’a tata pour t’encourager depuis la berge (une fois j’ai cru voir Jimi mais non : c’était un héron) Par endroits l’onde se nimbe de vapeur matinale, c’est bô ! Et je me demande à la 3e gorgée si cette flotte de m*rde va me refiler une aussi puissante gastro qu’à Cublize. Les 1900 arrivent tôt, j’y regarde à trois fois, pas vu le temps passer… Au retour sa Majesté Soleil prend l’axe du canal, c’est un signe : je suis Esteban(*)et je souris au triathlon, poil au f*on !
(*)comprenne qui pourra Respi 3 temps pour la 1e fois sur un tri, c’est dire si ça baigne.
Parc à vélo : je retrouve la fille fardée en train d’enfiler sa 3e couche, puis Ben arrive qui a dû oublier un bras dans l’hélico, c’est pas possible autrement. La moitié de Meudon se retrouve à se chausser tranquille, sauf un certain Z qui nous fait une transition digne d’un super sprint – ça promet pour la suite.
Vélo kilomètre zéro, y pleut toujours pas alors que nous sommes «
le dernier dimanche d’août à Cambrai etcétéra et ragnagna » - je le rappelle en passant à bons entendeurs salut.
Me souvient plus du 1er tour, sauf de Klyde arrêté au deuxième bled : il doit vérifier son palpeur, me dis-je, l’afficheur de vitesse à l’entrée (très en vogue dans la région) a dû lui indiquer moins que 50 km/h… Ah si, avant Beaumetz y’a un mec qui pisse sur le talus du
War Cemetery : aucun respect ! Tu sais que je me suis posé une heure sur ces plates-bandes en attendant la voiture-balais début août, hein ? Je fais de même au 2e tour : aaah, quel soulagement ! Mon chauffeur du retour se vantera de le faire en roulant : voilà un bon TP les dimanches en Chevreuse ! Aux deux tiers, un carrefour... tiens, c’est bizarre, cette sauvage chevelure brune, cet air mi-moqueur mi-hystérique... aucun doute: c’est Mélanie ! La Batt est bénévole ; comprends pas, mais bon…
Au
turning je
grab mon ravito (celui avec les glaçons et tout) et frôle la chute en essayant d’ouvrir la boîte à sandwiches depuis le prolongateur : si j’étais Ricain, Monop’ serait bon pour un procès ! Par surcroît j’ai même plus croisé BeNicoZ et consors, preuve que l’écart se creuse… Neil va incessamment m’enrhumer… Nanouk n’est pas aussi loin qu’elle devrait l’être… le petit chat est mort
(écrasé) (les tripes tout étalées) (c’est dégueulasse !)… Coup de barre ! A Cublize ce fut aux 3h30, là c’est vers les 4h30 : quinze à l’heure à la moindre côte, bingo ! Je pisse à nouveau pour fêter ça… Voilà-t-y pas qu’un maillot bleu Meudon sur Giant rouge en profite pour me doubler : le fourbe ! Seul baume au cœur, ce petit vicieux de Kolua qui prend usuellement plaisir à finir 30s devant moi est toujours scotché au même endroit à maudire sa pompe (deux VTT du cru l’assistent) : je lui demande si tout va bien mais n’en pense pas un mot – ha ha ha !!
Là-dessus arrive Emilie la jolie 1e féminine : nous nous doublons tour à tour en un ballet cycliste d’une beauté béjartienne. J’observe qu’on a bien fait de prendre nos manchettes : elle acquiesce ; je lui dit qu’elle a un beau vélo
(surtout la selle) : elle moufte pas ; et au fait, t’habite chez tes parents ? Elle se casse : à quoi ça tient une victoire, des fois…
Sur ces entrefaites, j’arrive tout requinqué au parc où Klyde s’est recyclé en grand reporter : baskets, gants (très important pour courir, les gants), gels bien dégueu dans les po-poches arrières, je démarre en trombe à la suite de Lance Armstrong redevenu Seb² en ôtant son casque (comme l’impression qu’il veut laver la Baule, le fils du vice !) 12,5 à l’heure ça ferait rire Hervinator mais moi il faut que je me calme pour survivre ; bien vu : le calvaire commence au 2e tour : poât…poât-poât… (mobylette qui décélère) : inexorablement ma vitesse faiblit – mon niveau de conscience aussi, d’ailleurs. Je salue Momo d’un air complice… Ah ben zut, il réapparaît 500m plus loin !?! Trop fort ce Momo… Dans un songe de pastèque mâchonnée, je crois voir Ben et Z mais sans Nico : le Chti erre au bord du canal, contemplant les eaux sombres d’un air équivalent : « Tu cours encore bien, toi », qu’il me lâche, une bassine de ciment aux pieds… En fait s’il en une qui court bien, c’est la Nouk : boucle après boucle elle quitte un instant son air de gerboise opiniâtre pour me faire coucou ; l’Histoire est en marche
(et encore du bol que j’aie un tour d’avance, sinon…)En terminant le 3e, j’aperçois un héron… Ah non, c’est Jimi : je lui refile mes gants qui me gonflent au sens propre et trottine hagard jusqu’au prochain pastèque-coca–p*t**n-qu’est-ce-que-je-fous-là ? Mais au dernier
turning tout s’éclaire, on
rentre à la maison (belle expression jadis entendue dans le dernier tape-cul des Settons). N’était cette infâme branchette dans la semelle, c’était tout bon... Eh oui ! Une s*l*p*r*e de p*t**n de bout de bois de m*rd* s’est fichée dans mon talon en transperçant (syn : perforant) ma semelle : vous avez déjà eu ça vous, hein ?.. Tant qu’à faire, c’est brisé net, donc vas-y pour le retirer à la main… Ni une, ni deux, le l’extrais à pleines dents : mordre sa godasse au 36e km, ça vaut son pesant de fricadelles !
Ô bonheur alors de franchir pour la dernière fois ces étapes apprises par cœur (-à-dix-à-l’heure…) : le dernier ravito, le pont, l’écriteau « 1km », Zarma… ah non, c’était pas prévu Zarma ! Il m’aperçoit... Une lueur de rage éclaire sa face meurtrie où je lis « Ah non, pas
lui quand même ! J’en suis pas arrivé là !? » Aussitôt il s’élance en titubant de plus belle mais, las ! A la suite de son bol alimentaire, ses dernières forces l’abandonnent… Il s’affale dans un râle, je bondis mais – oh grands dieux ! Le temps s’arrête, je reste suspendu au-dessus du Z dont la tête contre terre pivote à 180° pour me lâcher dans un jet verdâtre : « Ben **** Copsté en enfer !!!! »
Hé ben dis donc, je suis content d’arriver, moi !