J'arrive à marcher normalement depuis aujourd'hui !!
Mon podologue m'a dit ce matin que mes pieds étaient en bonne voie de guérison ;-)
Voici le récit de ce week end qui restera un grand souvenir personnel:
J-2, arrivée à Chamonix le paradis du trailJ’arrive à Chamonix en train le mercredi soir pour un départ de la course prévu le vendredi à 17h30.
Dès la sortie de la gare, je me rends compte que la ville est à l’heure du trail. Je croise beaucoup de monde dans les rues au look de trailers dont beaucoup portent fièrement la polaire reçue pour avoir été finisher d’une des courses organisés à Chamonix lors d’une des éditions précédentes.
Il y a des boutiques en ville des principales marques de trail mondiales et un salon temporaire de l’ultra trail qui vont me permettre de me dégourdir les jambes avant la course.
Dès mon arrivée, je me rends sur la ligne de départ que j’ai tant de fois vu en image ou en vidéo et je commence à réaliser que je vais participer à cet événement.
Je retrouve les meudonnais présents sur place GO, Roxanna et P2Pat au salon du trail où il ne faut pas y mettre le pied avec sa CB...
Le soir, je dîne avec P2pat et sa famille pour manger une pizza, ça change du régime pâtes depuis quelques temps ;-)
J-1, les derniers préparatifsLa journée commence d’abord par l’arrivée de ma belle-sœur qui termine la TDS (119 km et 7250 m de D+) en moins de 26 heures, 21ème féminine. Elle est impressionnante et me donne envie de me lancer à mon tour à l’assaut de mon défi !
Je vais ensuite récupérer mon dossard. Cela me prend environ une heure compte tenu du monde mais c’est un temps pas si long que ça compte tenu de l’affluence.
Je suis impressionné par la qualité de l’organisation.
Il y a de nombreuses personnes pour nous guider et nous expliquer la marche à suivre.
Le règlement de la course impose un matériel obligatoire, un contrôle est effectué sur 4 éléments tirés au sort avant la remise du dossard. Pendant la course, des contrôles sont effectués pour vérifier que les coureurs ont bien le matériel obligatoire avec eux avec le risque d’une pénalité en temps d’immobilisation ou une disqualification selon les cas.
Je passe le reste de la journée à faire et refaire mon sac en mettant chaque élément dans un sac de congélation afin qu’il reste au sec pendant la course.
Je prépare également ma stratégie de ravitaillement personnel en préparant des sacs pour les 5 lieux d’assistance autorisée par une personne externe. C’est mon frère qui a la gentillesse de s’y coller et il devra se rendre à différents points du parcours à des heures assez improbables pour m’y attendre. Je prépare ainsi des affaires de rechanges, une autre paire de chaussures (je reviendrai plus tard sur mon choix de les mettre au km 122
)
Il y a bien sûr des ravitaillements liquides/solides tout au long de la course environ tous les 15 km organisés par l’organisation.
Le soir, nous allons dans un restaurant savoyard pour fêter l’arrivée de la TDS et tout le monde choisit une tartiflette sauf moi qui commande le plat de pâtes traditionnel avant une course.
Le grand jourJ’ai assez bien dormi. Un réveil au milieu de la nuit mais j’ai réussi à me rendormir.
La journée va être longue car le départ est donné à 17h30 et il va falloir s’occuper jusque-là.
J’en profite pour partir flâner en ville, je croise des coureurs déjà en tenue !
Je rentre déjeuner (pâtes et jambon) puis je m’allonge pour faire une sieste mais c’est assez difficile de dormir.
H-2, je commence à me préparer.
Je quitte l’appartement pour rejoindre P2pat et un pote de Chaville avec qui je vais attendre l’heure du départ.
30 minutes avant le départ, nous rejoignons la ligne de départ. Il y a beaucoup de monde déjà en place et nous nous plaçons en fin de peloton. Aucune inquiétude, ce n’est pas un 10 km !
10 minutes avant le départ, il commence à pleuvoir. C’était prévu mais le timing est vraiment mauvais. Je comptais partir en short/T-shirt mais que faire maintenant ? Je vois beaucoup de coureurs avec la gore tex mais je n’ai pas envie d’utiliser ma veste si tôt car elle sera ensuite mouillée alors que je compte sur elle la nuit et qu’il fait très doux donc je vais avoir chaud rapidement. Finalement, je décide de mettre une veste coupe-vent à manche courte qui me protégera le t-shirt.
Voilà le départ est donné sur la musique de Vangelis « Conquest of Paradise ». J’ai tellement vu de vidéo du départ de l’UTMB que j’en ai des frissons de le vivre personnellement.
Le premier kilomètre est parcouru en marchant car je me trouve à la fin de la file mais ça permet de profiter des encouragements des nombreux spectateurs venus nous voir.
On arrive enfin à courir, les 8 premiers kilomètres sont plats avec du bitume et des sous-bois, il y a énormément de monde. Il ne faut pas partir trop vite car la course est longue même si les premiers partent à 16 km/h.
Je me fixe une allure très souple et je commence à me mettre dans ma bulle. Je perds assez rapidement P2pat à cause de la masse de coureurs autour de nous.
J’arrive aux Houches et ça commence à monter, je me retrouve à monter des pistes de ski en hiver mais là c’est de l’herbe mouillée et de la boue. Je suis parti avec mes bâtons attachés au sac car ils étaient inutiles pour le début mais après quelques glissades en descente sur l’herbe mouillée, je décide de les prendre pour essayer de mieux tenir droit.
J’arrive à Saint-Gervais (3h11, km 21, 951 m D+) avec une heure d’avance sur la barrière horaire. Tout va bien à part la pluie qui tombe en continu, cela ne me gêne pas plus que ça car il ne fait pas très froid. Je sors la frontale car il commence à faire nuit mais avec la pluie la visibilité n’est pas terrible même avec une lumière.
La pluie s’arrête enfin aux Contamines (4h53, km 30,7, 1486 m D+), c’est le premier endroit d’assistance personnelle. Je retrouve mon frère qui m’apporte une veste gore tex que j’utiliserai pour la première nuit comme ça je garde celle que j’ai dans le sac.
Nous arrivons maintenant à la première vraie difficulté, le col du bonhomme. J’ai de bonnes sensations dans l’ascension. On ne voit rien, mais le sol est rocheux signe que l’on commence la vraie montagne. J’arrive au sommet au bout de 3h30 (8h21, km 44, 2823 m D+). La descente a lieu ensuite sur un tapis d’herbe mouillée plutôt agréable à parcourir. J’arrive aux Chapieux à 2h44 (9h12, km 49, 2823 m D+= où je retrouve mon frère et ma belle-sœur qui me souhaite bonne course avant de rentrer se coucher. Je dois les retrouver le samedi au km 108 en Suisse.
C’est maintenant la deuxième difficulté avec le col de la Seigne : c’est une longue route goudronnée rectiligne qui monte en continu. Pas beaucoup d’intérêt, j’en profite pour économiser ma frontale car il n’y a aucune difficulté au sol et je profite de la lumière des autres. J’arrive au sommet à 5h19 (11h47, km 59, 3781 m D+).
C’est le moment de passer en Italie et d’arriver un peu avant le lever du jour au lac Combal à 6h04 (12h32, km 64, 3781 m D+). Le paysage est grandiose. Je décide d’aller faire une micro sieste de 20 minutes et de ne pas attendre d’être épuisé pour dormir. Je repars au lever du jour, le redémarrage est difficile car je me suis refroidi et je tremble quelques minutes avant que ça disparaisse.
J’arrive à Courmayeur à 9h27 (15h56, km 77, 4249 m D+). J’y retrouve un sac personnel où j’ai préparé un t-shirt sec, ma casquette et des lunettes de soleil car il va faire beau aujourd’hui mais pas de chaussures de rechange (c’est une grande erreur). Le début de course m’a rendu les pieds humides et je sens que la peau des pieds commence à me faire souffrir. Je sais qu’il va falloir que je tienne encore 50 km avant de pouvoir changer de chaussures c'est-à-dire à la fin de la journée.
Ça monte tout de suite après Courmayeur, le refuge Bertone (17h51, km 82, 5065 m D+), je suis dans le dur, j’ai l’impression de ne pas avancer. Je fais une halte à l’ombre sous un arbre au bord du chemin pour me reposer et m’alimenter. Depuis le lever du jour, je trouve que les coureurs autour de moi sont passés en mode « zombie », pas grand monde ne parle (sauf quelques italiens ou espagnols entre eux )et chacun est dans sa bulle.
C’est maintenant l’ascension du grand col ferret et l’arrivée en Suisse à 15h52 (22h20, km 99, 6204 m D+). Je me trouve bien dans les montées, j’ai un bon rythme mais je commence à avoir du mal dans les descentes à cause de mes pieds qui sont très douloureux.
Je sais que je vais retrouver dans 10 km mon frère et ma belle-sœur et ça me donne une motivation pour avancer. Je commence à en avoir assez de souffrir et le fait de les retrouver et de pouvoir discuter avec eux va me permettre de me relancer. Ils m’encouragent et me disent de tenir jusqu’à Champeix au km 122 où je pourrai enfin changer de chaussures. Je pense que c’est déjà trop tard mais ça ne fera pas de mal et j’ai espoir d’avoir moins mal.
Le parcours jusqu’à Champeix est une descente où je n’arrive plus à courir puis une montée interminable à la nuit tombée, j’arrive à 21h22 (27h50, km 122, 6907 m D+). Je retrouve mon frère, j’enlève enfin mes chaussures, c’est une libération. J’ai le dessous des pieds tout fripés sans trop d’ampoules mais très douloureux. Je décide de me changer intégralement puis de faire un somme de 20 minutes les pieds à l’air avant d’attaquer la dernière nuit.
Je repars de Champeix « tout frais » et le moral à bloc grâce à mon assistance. J’ai même sorti le MP3 avec ma playlist spécial UTMB qui déménage préparée pour cette deuxième nuit en course que je n’ai jamais expérimentée auparavant. Un seul écouteur pour être quand même attentif à mon environnement. A ce stade de la course, il reste encore 3 cols. Je sais que je dois les affronter un après l’autre pour les passer et ne pas voir le parcours restant dans sa globalité sinon ça va me paraître hors de portée.
La première difficulté est la Giète, j’y arrive à 1h29 (31h57, km 134, 7726 m D+). Les sensations sont bonnes, au moins en montée. J’ai doublé beaucoup de monde mais dès que ça redescend, je ne suis plus capable de courir et je perds du temps sur les autres.
L’avant dernière ascension est Catogne qui me parait plus raide que les autres. Je suis scotché dans la montée. J’arrive à 4h57 (35h26, km 143, 8619 m D+) à bout.
Ce qui me motive pour la dernière ascension est que je vais pouvoir profiter du paysage car il fera jour et ce sera moins monotone. C’est le col des Montets suivi de la tête aux vents. On m’avait mis en garde sur la difficulté de cette ascension et effectivement cela a été très long et très technique mais la vue en valait la peine. J’ai la vue sur le Mont Blanc au matin depuis une altitude de 2200 m dans un décor somptueux. Je passe à 9h26 (39h54, km 157, 9508 m D+).
Il y a ensuite un chemin plat avec du relief pendant 3 km où je ne peux pas courir avant d’entamer la descente sur Chamonix.
Je suis à l’abri d’une élimination car j’ai près de 3 heures d’avance sur la barrière horaire mais je ne peux plus courir en descente avec du relief et malheureusement le chemin jusqu’à Chamonix est un chemin de terre de 8 km avec des pierres et des racines. Je prends mon mal en patience mais c’est difficile de se faire doubler par ceux qui peuvent encore courir.
Dès que je pose le pied sur le bitume de Chamonix, je me remets à courir. J’y arrive enfin, la douleur est supportable et je suis très heureux de pouvoir enfin courir.
Le bon côté des choses est que j’arrive à Chamonix pour midi et qu’il y a beaucoup de monde pour m’applaudir. Un petit tour en ville où je suis accueilli avec beaucoup d’applaudissements, ça donne des ailes. J’en ai des frissons. Je fais les derniers mettre en compagnie de mon frère qui m’encourage un dernier coup et je franchis la ligne au terme d’une accélération (à 9 km/h
).
Voilà, j’ai terminé mon UTMB !!
Je suis pris par l’émotion, j’ai quelques larmes qui s’échappent, je l’ai terminé mais que ce fût dur : 42h45m55s en 984ème position sur 1578 classés.
Je n’ai pas réalisé le temps que j’espérais (39h) mais cette déception va vite disparaitre et il ne restera que la satisfaction d’avoir terminé cette course qui me fait rêver depuis de nombreuses années.
La préparation d’une course de ce type en région parisienne n’est pas évidente mais c’est faisable.
J’en profite pour remercier:
-Emeric et Emilie, ma support team de choc qui m'a aidé à tenir tout au long de la course. Vous avez été au top!
-Julie, ma femme qui me permet d'effectuer ce type de challenge et surtout qui me permet de m’entraîner pour y arriver.
-Les membres du club qui m'ont envoyer des messages de soutien (avant, pendant,après) sur FB, SMS, forum. Ca fait super plaisir, merci !!