Bienvenue à Eidfjord !Je vais vous expliquer pourquoi le Norseman peut être un authentique supplice ou (comme pour Bibi) somme toute plus facile qu’Embrun. Mais commençons by ze commencement…
PROLOGUE : Ouille !Jeudi 1er août, 20h, hôpital d’Odda:
Nous sommes l’avant-veille de LA course et un mal de bide aussi sévère qu’inopiné m’a conduit plié en deux en ambulance jusqu’au riant centre hospitalier de la ville d’Odda (http://fr.wikipedia.org/wiki/Odda), au bout d’une branche du Hardangerfjord : Tout va très bien, mada-meu la marqui-seu...
Que s’est-il passé ? Est-ce d’avoir oisivement attendu au muséum local mes amis en randonnée tout l’aprèm jusqu’au photogénique promontoire de Trolltunga (épreuve interdite à mes jambes) ? D’avoir nageoté 10min a la fraîche le matin même dans l’eau du fjord (sans combi – eh oui – nous y reviendrons) ? De m’être goinfré de Bolinos locaux faute de pâtes abordables dans ce pays où tout est deux fois plus grand même les prix ? Ou bien est-ce l’effet à retardement des 1200km de bagnole entre Strasbourg et Hirtshals au Danemark ? A cette heure comme alors, je l’ignore et le corps médical aussi, ce qui n’augure rien de bon: les médecins dé-tes-tent ne pas élucider des symptômes, ça fait planer le risque d’une cause vicieuse et grave avec décès et procès ; dans ces cas-là, ils veulent vous garder… Ainsi, à Odda, après d’infructueux examens, la gaillarde Norvégienne aux airs d’infirmière principale semble bien décidée a me clouer au lit toute la nuit sous perf ; purée ! La perf c’est après, pas avant ! La nuit d’avant-veille, ze most important nite, à l’hôpital !?..
Sur ce, le toubib me passe en position latérale pour aller plus loin et là, après 2 minutes… Miraculo !! Yé plou mal ! A disparou el bobo ! (les anges se mettent à chanter, tchip tchip tchip les moineaux norvégiens aussi, c’est bizarre il est 9 heures du soir)
« Are you sure you want to leave now ?” – YES, a bit my nephew! I am cassing myself illico presto ! Ca va bôôcoup mieux ! Et vous Madame, lâchez mon bras ! Nan je veux pas de perf !!..
+ Première intervention de mon équipe support dont un membre s’interpose face à la matronne zelée : nous fuyons, elle le retient, je préfère ignorer ce qu’il a subi et termine la journée sur une belle certitude d’avant course : j’ai vraiment une équipe support dévouée.
ACTE I : SautonsSamedi 3 aout, 1h30 du mat :
Ô bruit doux du réveil, Qui me laisse pantois ! Délicieuse sonnerie qu’on se rappelle avoir réglée trois heures avant ! On s’en rappelle trrrès bien parce qu’on N’a pas dormi, tibili ! On est en nage avant la nage dans cette jolie chambrette de la jolie Ullensvang Gjesteheim avec la douce perspective d’affronter ze Extreme Triathlon sans avoir dormi, youpi !
Mais bon les nuits blanches, ça fait jamais mal en début de journée… ainsi, à 4 heures moins le quart attends-je patiemment dans la leeeennnte file d’embarquement du ferry après avoir dûment aménagé mon aire de transition avec mon support officiel (on peut amener un car d’amis entier mais un seul, aka l’Elu, à peu près anglophone et capable d’escalader les 5 derniers km du Gausta voire de ralentir les balles en se penchant en arrière, porte tee-shirt et bracelet donnant accès a T1) : petite thermos de sou-soupe chaude, caisse pour se dégeler les pieds-pieds avec grosse thermos d’eau tiède – hé hé, y’en a la-dedans ! Faut juste pas se tromper de thermos.
Cela étant, le mythique ferry c’est surtout une bonne demi heure à poireaut… euh, a déambuler en comptant les cagoules/photographes/cameramen (ah oui y’en a pléthore – nous y reviendrons) pour éviter de trop stresser (mais certaines tronches de Viking font stresser); en tout cas pour les éternels retardataires dans mon genre, y’a le temps de mettre et de remettre la combi
Enfin la gueule du navire s’ouvre et comme le remarque un Français à ma gauche, « c’est moins grandiose qu’en film ! » (Norse-film qu’on nous a encore infligé au briefing la veille – mais l’ouverture avec les musiciennes du cru, c’était original et chouette) : voilà, on s’applaudit bien fort parce qu’on y est comme à la télé et que ouais on est des warriors et d’ailleurs au fait ça fait presque un an que… PLOUF ! C’est pas très haut, faut juste éviter de se prendre dans la bannière qui flotte au vent.
J’ai hésité avec : la gueule du navire s’ouvre sur les eaux glacées du fjord… mais il faut, à ce stade, révéler le pot aux roses (et non pas le poteau rose, comme je l’ai lu naguère au boulot) : l’eau est à 18°C. Plus chaude qu’à Bonneville. Hum. C’était bien la peine de se les geler dans des Lidos anglais à 13° !! (Not to mention a couple of lacs vosgiens) De se cisailler la gorge pour 3 jours avec une cagoule OrcaTM! (j’aurais dû me méfier) (« Orca », « cisailler », hmmm ?)
Alors là vous dites : « Ouh !! Remboursez ! Chiqué ! C’est pas un vrai Norseman ! A mort les traders !! (bon, ça on peut le dire en toutes occasions, hein) Mais non, restez ! C’est pas fini ! Il y en a eu de la flotte froide; mais après…
ACTE II : MontonsAh la Grand Bo’, les Copains (merci Marc), les 3Ballons, l’Half Altriman plus toutes ces copieuses sorties à dénivelé dans l’Est (merci la Denfert) et jusqu'à mes premières campagnes de reprise au Salagou et dans l’hiver picard (merci Compiègne Tri), expulsé que je fus de Clamart par un Vosgien in love : elle parle, la poudre des kilomètres de grimpe
en force, en tout cas elle doit leur parler à tous ces maudits nageurs-transitionneurs que je dépasse par grappes dans la montée sur le plateau (1200m en 30km dès le début) ! Voui, j’ai moyennement nagé : on était censés jouir d’une marée favorable, nous avons surtout bouffé de la vaguelette pleine poire dès l’attente entre les kayaks (un Français m’a avoué avoir gerbé 100m après le départ : comment a-t-il pu poursuivre ??)
1h 15 : dix minutes de plus que d’habitude qui m’ont parues interminables, même et surtout à vue du brasero marquant le seul et unique tournant devant Eidfjord (Parcours nat hyper simple : retour au port tout droit le long de la côte avec 1 virage à gauche à la fin pour rejoindre la plage de sortie)
J’ai préféré des trajectoires plus droites aux légères anses côtières que la foule des bonnets semblait épouser; et puis subitement, tout à ma désagréable impression d’être retard, je me souvins vague-ment (ha-ha) qu’il y en avait p’t’êt moins au bord, des vagues ! :shock:J’en ai juré dans ma cagoule, dis donc ! Mais bon, tant pis, alea jacta est, après tout la nat, sur IM, comme disent certains bons clients Garmin, on s’en balance ! (Faut juste pas balancer la Garmin)
Donc, retour au vélo :
nous étions venus la veille reconnaître cette amusante ascension de zéro (le Hardangerfjord) jusqu’aux 1240m du Hardangervidda en Hardangerpeugeot (je me moque, je me moque… mais avez-vous remarqué ce que signifie ce charmant préfixe norvégien lu en anglais ?..) ; enfin bon, pseudo-reconnaître vu qu’on emprunte à vélo l’ancienne route et ses sévères coups de c*l hormis l’espace d’un long tunnel cause éboulement (d’où strict contrôle éclairage A/R et gilet réfléchissant au dépôt du vélo, le seul contrôle vraiment strict parmi tous ceux annoncés, en fait) (chut)
http://fr.wikipedia.org/wiki/HardangerviddaLà-haut sur le plateau trônent des huttes rouges : c’est Dyranut ; la foule des supports s’y amasse ; nous, sur le bon conseil d’un groupuscule de fous des longues distances rencontré à l’Altriman (du genre à enchaîner Nice>Altri>Norse ; ou « juste » un triple-IM après l’Altri cette année…), avions convenu d’un premier arrêt sur un parkering un poil plus loin : « Graines, fruits, pipi ! » leur abois-je – à la limite de l’invective ; mais mes trois supports sont tolérants, c’est tout juste si l’un d’eux ne me la tient pas pour pi##er !
Et ensuite je sais plus.
Acte III : RoulonsAh si, Magdalena : j’ai vraiment, mais alors vraiment pas fait exprès de faire l’accordéon sur 100 bornes avec cette chère Magda ! Mais qu’est-ce qu’elle avait, aussi, à rouler plus vite que moi sur plat et moins vite en montée ? En plus, pour les photos, tu penses bien que tous ces apprentis-Doisneau du sport n’hésitaient pas longtemps sur la bonne personne à shooter… Que de quolibets et d’airs entendus dans ma voiture support : mon équipe est un peu mauvaise langue quand même, aussi.
Et sinon le plateau est usant, nuageux (couvre-chaussures, jambières), on n’en redescend qu’à moitié pour enchaîner après Geilo les trois cols de 5 bornes (aahh, le fameux panneau vu et revu sur le Net) aux pentes plus fortes que prévues (par moi) ; notre ingénieux système de support (la voiture attend avant de repartir et je lui crie rapidement si on avance ou recule le prochain arrêt à chaque dépassement) a fonctionné (système également piqué aux dingues de l’Altriman) ; mais déjà pointent les pernicieux prémices d’ensommeillement préludes au douloureux Acte IV : je me souviens avoir avidement guetté le panneau du half ce qui, convenons-en, n’est pas super bon signe…
Acte IV : SouffronsJ’ai commis deux petits oublis :
1) il y a 10 bornes en faux-plats montants entre le dernier col et la descente
et 2) faut dormir la veille
(1+2)= cauchemar ; cauchemar dans le brouillard
Mais commençons par la pluie : je confirme, on s’est pris une drache torrentielle, vers le 120e pour moi ou dans ces eaux-là (ha ha) ; un poil en-dessous de l’orage pyrénéen a l’Altri Half sauf que là-bas, c’était à pied ! Toutes les filles de la famille Titegoutte étaient là : Germaine, Corinne, Justine, Aline… Eternels regrets de n’avoir pu filmer au moment où mon support avancé en vigie se fit littéralement déchiqueter le parapluie devant moi (m#rde au fait c’était mon parapluie) Bon bin K-Way, debout les freins et prières pour éviter les quelques trous bien destructeurs et bien vicelards planqués dans la descente…
La pluie cessa, Magda n’était plus là, les trois p’tits cols non plus, quand les ennuis commencèrent ; la dernière ascension, de son petit nom Imingfjell, a quelque chose du col de Romme dans la Grand Bornand : ça démarre inopinément et ça fait mal. Climax de ma mauvaise appréciation des pentes : j’attendais du col vosgien à 5~6%, ça a plutôt tapé à 7~8% et plus à Imingfj(h)ell. J’ai dû passer le 39x27 dit « de sûreté », quand même, n’est-ce pas – si ça parle à certains…
Sur ce, on commence à me doubler en montée (horreur !) et j’arrive en haut bien entamé pour découvrir (horreur, horreur !) que le kilométrage colle pas : la douce descente de 30km jusqu’à T2, c’est dans 10 bornes ! 10000 mètres de plateau encore trop montant dans une purée de pois telle que tu sens que ça monte mais tu vois pas ni comment ni jusqu’où ! Et là, violemment, j’ai envie de dormir ; vraiment dodo ; pas une fringale : les yeux qui se ferment sur le ballet des pointillés, la lutte pour ne pas se laisser doooucement aller sur le cooonfortable prooloongateur alors que les jaaambes tournent leeentement mais toooournent, oooh oui ce serait si boooon… Holy sh#t, il y a des f#ck*ng bast#rds qui me doublent ! Et un, et deux, et beaucoup plus que trois… Horreur horreur horreur ! Et je connais pas mon rang : suis-je en train de basculer dans le white ??
Un cauchemar ; un cauchemar dans le brouillard ; en plus, à l’avant-dernier col j’ai dit à la voiture d’aller se faire voir direct à T2, résultat : plus d’eau ! Ah la triple buse… De fait, j’ai sur-interprété la préco mon informateur pyrénéen de ne pas caler le dernier arrêt support trop tard au risque que la voiture n’arrive pas suffisamment tôt en T2 : last pit-stop au début de la descente, non ; mais à la fin de la montée d’Imingfjell proprement dite, oui !!
Apparemment, il y a des travaux, là-haut, renforcement de barrage : à un moment, une des pelleteuses m’a parlé ; vous, ça vous arrive à la piscine, moi, au Norseman : c’était juste après qu’une silhouette entr’aperçue sur le bas-côté se fût transformée en rocher. Mais finalement, salutairement, vint la descente.
ActeV : RedescendonsÇa réveille: 30km de 1200 à 200. Les premières épingles étaient tellement embrumées qu’une fourgonette-secours s’est judicieusement garée tous gyrophares allumés dans l’extérieur du premier virage : Tak tak ! Moi qui dispute à Guigui le trophée du plus nul en descente, j’ai doublé des mecs un peu trop, euh… crispés ?
N’empêche que la verte pelouse de T2 m’accueillait dans un piteux état mental et physique. Au départ càp on nous gratifie –enfin !– de notre position : 91e ; ouf ! Bon, d’un aut’côté j’ai perdu dans le dernier col l’exact nombre de places gagnées dans le premier… J’annonce à l’équipe que ça va être dur, bis repetita Embrun 2011, j’essaie d’évacuer les restes de brouillard dans ma tête pour calculer combien de marche est permise avant que le 160e se pointe… et là bizarrement les jambes partent bien.
Acte VI : courrons !Premiers kilos, premiers émois, des fois la 910 me flashe sous les 4’30 : yoû-hoû, BeeGees, Hervi êtes-vous là ? Ah mais oui c’est vrai, j’avais emprunté ses jambes !
A partir de là, on va pas non plus dire que ce fut une partie de plaisir mais quand tu doubles, que l’objectif est la fin de càp au 25e (voir ci-dessous) et qu’en prime tu as même le temps de faire popo (désolé) au bord du lac ensoleillé, eh bien tu commences à voir la vie en noir
Eh oui, en vérité j’affirme que dans cette configuration, le Norseman, bien que plus long, est plus facile que d’autres IM de montagne – au hasard, Embrun ; parce qu’au 25e du marathon commence la pente (8~10% ?) ; et que dans la pente, personne (hormis les élites) ne court (d’ailleurs j’aimerais bien visionner comment elles y courent, lezélites) ; que quand on marche, on double peu ; et que LE check-point qui tue ou qui libère, celui du Black or White (tin-lin-nin-nin nin-nin, nin-nin-nin – waoû !..) se dresse sept bornes plus loin au 32e.
Donc quand on a un matelas de place au Norseman, on s’acquitte d’un bon gros semi et pis c’est (presque) tout. Après, rando sportive entre potes !
Par contre, en revanche et à l’inverse, je n’ose imaginer l’état de stress, de crise et de tension guerrière qui doit accompagner les marathons débutés autour de la 160e place ! Là, alors, ce doit être le supplice absolu, le chalenge ultime, compter les places, devoir courir contre l’autre dans Zombie Hill, OMG – je préfère pas imaginer.
Acte VII : marchons, marchooons !..Pour info j’ai essayé de courir, pour voir – ou plutôt sentir : contre-productif ! Rapport effort/gain catastrophique (à supposer qu’on puisse tenir plus de 100m) Tiens, d’ailleurs, la concurrente que nous distinguions (oui Cyril, grâce au ratio) trottinant devant, on l’a reprise au 36e.
Or donc, marche sportive en duo mo-ti-va-tio-nel avec le killer-trailer de mon équipe jusqu’au 32e (faut les faire se dépenser, les supports, ça leur fait du bien ; en plus de bien les nourrir évidemment) : là nous attendent de la pastèque ainsi que le directeur de course. J’adore les deux. Le petit barbu blond, précédent vainqueur, possède un charisme rare (et des boucles d’oreille Norseman
tout aussi rares) ; il nous adresse quelques mots et je parle à un ami, un confident, à mon frère de toujours, ce qui ça tombe bien parce qu’il nous annonce que la foudre a dézingué le funiculaire du Gausta: j’acquiesce tout à ma noire félicité sans tout à fait réaliser alors que ça signifie 5km de redescente dans la caillasse pour ma pomme (ordinairement seuls les supports redescendent à pied), 47km au lieu de 42 en somme. Nous filons entre les moutons (!) vers le deuxième check-point, au 37e.
+ + INTERLUDE PEDAGOGIQUE + +
A ce stade, petit rappel des fondamentaux à l’intention des Norse-profanes :
Le sommet du mont Gausta aka Gaustatoppen culmine à 1883 mètres plus ou moins 3 cailloux. C’est un massif relativement isolé à la Mont Ventoux, pour cause de roches dures en l’occurrence. Forêt en bas et rochers en haut. Très belle apparition du monstre à l’approche du semi.
La curée commence au 25e km du marathon. Cette ascension emprunte une route asphaltée jusqu’au 37e km, où commencent 5km (prétendument 4,7) d’un chemin d’abord vosgien, puis alpin, puis c’est un GROS PIERRIER QUI TABASSE franchement je déc#nne pas, c’est interminable (comme la nat), beaucoup de gens auraient du mal à le gravir comme ça tout seul (raison pour laquelle même si forcément vous titub… euh, marcherez de rocher en rocher, votre support officiel doit être un minimum sportif – merci de votre attention)
Pour des raisons de sécurité, l’organisation restreint l’accès au sommet sur la base de l’heure et du nombre :
1er checkpoint au 32e km où seuls les concurrents faisant partie des 160 premiers ET sous les 14h30 sont admis à poursuivre vers l’entrée du sentier final au 37e ; les autres sont invités à terminer leur marathon en contrebas (bouclettes puis arrivée à l’hôtel-QG de la course), ce qui est synonyme de Tshirt blanc et doit j’imagine solliciter tout le charisme et l’humanité du Directeur susdit. Pour fixer les idées, si une année le climat sur la course est tel que seuls 50 coureurs arrivent au 32e sous les 14h30 et/ou que les conditions au sommet n’en autorisent pas plus, eh bien seuls 50 montent. En 2005, seul le vainqueur a terminé au sommet. Donc toujours du suspens quand tu arrives au 32e !
2e checkpoint au 37e qui marque l’entrée sur le sentier – pardon, l’amas de rocs terminal : plus de numerus clausus (ouf) mais toujours une barrière horaire (15h30) et un examen technico-médical où l’on s’assure que le concurrent ET son support sont en état physico-équipementatoire de monter (vêtements chauds yc. bonnet+gants, nourriture et boisson, mobile, frontale… et pis un bifton parce qu’il y a une cafêt au sommet or déjà la Norvège c’est pas donné alors t’imagines le prix des gaufres là-haut !) Ceux qui seraient recalés à ce stade, je me rappelle plus exactement où ils vont finir mais en tout cas, walou black tshirt aussi !
Et donc, le tee-shirt-noir-que-c’est-le-vrai-que-tout-le-monde-le-veut-parce-qu’il-est-moins-salissant n’est accordé qu’à celles et ceux qui terminent au sommet (…ou qui passent les deux checks mais doivent finir plus bas parce que la météo interdit l’accès au top comme en 2005 – mais là pas sûr que vous suiviez toujours ?..)
Tout vous est dûment conté dans l’inénarrable Race Manual que tous les coureurs, leurs supports ainsi que leurs cousins au 4e degré sont censés avoir appris par cœur depuis 6 mois – mais bon, ça n’empêchera pas que votre support principal s’y mette, au mieux, la veille de la course
Ah, et du temps qu’on y est :
en dehors de quelque 25 élites admises sur dossier ,le Norseman recrute sur lotterie : 250 places dont la moitié réservée aux Norvégiens. Cette année, le ratio était d’environ 4 candidats pour une place et l’inscription coûtait environ 340 euros ; elle n’est débitée QU’aux heureux gagnants et encore, avec possibilité de se désister sous 7 jours. Tout ça pour n’aboutir qu’à 232 partants – rha la la, j’te jure
ACTE VIII : EscaladonsLa félicité de l’objectif en vue apaise l’esprit de compêt ; les quelques places que mon support et moi reprîmes en courrotant certains hectomètres presque plats furent reperdues sans état d’âme à l’occasion d’un changement tenue + chaussures au 37e : eh oui, quand on prévoit bien tout le matos montagne et les couleurs Meudon, autant que ça serve !
En résumé, le final part gentiment et devient vite interminable et coriace, du genre gros boulder alpin avec gradients vents/température inverses et surtout, surtout l’antenne sommitale si loin, si proche : purée elle a l’air à portée de main et ça n’en finit pas ! Petit coup de moins bien, ultime barre qui va bien, toutes les bonnes choses ont une fin et j’ai pour ma part conclu au tapis sans trop de cinéma (en plastronnant bien les couleurs de Meudon quand même, hein !)
Il y a la fameuse soupe gratuite, une cafêt pas gratuite, des chiottes à n’utiliser qu’avec un masque à oxygène et des plaids Norseman
que tu dois rendre quoique j’ai vu un bandit redescendre avec, ouh le vilain.
Pour nous autres en ce jour et à cette heure, le soleil du soir perçait les nuages façon Bible et teintait d’or la surface des innombrables lacs au loin. Le vainqueur n’a pas dû voir ça : bien fait pour lui ! C’est pô humain de finir en 11h25
Pour Bibi presque 15h et pourtant, comme dit, je suis mieux que dans l’état de sidération exténuée d’Embrun 2011.
Redescente en discutant de la surenchère des triathlons extrêmes avec un des fondateurs de l’Altriman (paraît qu’il y a un truc de folie tous les dix ans aux Iles Vierges !?..)
La suite du voyage commence à l’excellente AJ du Kvitåvatn Fjellstoge dans la station du Gausta, que je recommande – mais le récit de course, lui, il s’arrête là
EPILOGUEOups, j’étais en retard sur le balcon pour la photo de groupe le lendemain matin ! Pas grave, on s’en est faite une série spéciale Frenchies avec la bannière et tout
(2e à G. Momo qui nous a tous collé plus d'une heure
)
Le Norseman est l’archétype de la course dont la préparation prime l’exécution ; parce qu’en plus de l’entraînement il y a le voyage, la fonction support à réunir, sa stratégie à définir et ses règles drastiques à observer (disqualif à la clef !
); je vous les épargne ici, il y a le Manual pour ça mais croyez-moi, si la logistique d’un Roth exige principalement de penser à réserver l’hôtel à temps, l’aventure norvégienne, c’est autre chose… Pour autant il me semble judicieux d’insérer la course dans un petit voyage fjordique, ne serait-ce que pour étaler la pression
C’est d’ailleurs assez poignant (voire boulversifiant) que de croiser en vrai ces images et objets –voire personnages – cent fois vus et revus sur le Net auparavant : le ferry, of course, mais aussi la masse du Gausta au détour du semi, le panneau des 3 cols après Geilo, la piste du début escaladant ses falaises, le magnétique Race Director…
En synthèse, je maintiens que le Norseman, pour être immanquablement plus long, peut s’avérer moins dur qu’Embrun : à supposer qu’on veuille le Black (parce que bon, hein, après tout, le blanc ça chauffe moins), bien placé au début de la càp il n’y a que 25km à envoyer et ensuite, chouette rando sportive avec ses potes ! Dans la zone grise, en revanche, ça doit être l’enfer.
J’avais sous-estimé le vélo : pentes à plus de 7%, météo pas docile (comme Magda)… même temps roulé qu’à Embrun ! D’où le dicton : Qui peine à Pallon connaîtra l’Imingf-hell
Ah certes, la mythique eau froide aussi… désolé ! Pour cette année, on ne peut pas accuser le réchauffement : le fjord est d’autant plus froid qu’il fait chaud (je vous laisse comprendre, c’est lié à la fonte des neiges…)
Le Norvégien est bon public ; la Norvégienne aussi ; avec ce je-ne-sais-quoi de blondeur et de courbes qui vous font même apprécier les équipes adverses. Par contre il n’ont qu’un mot à la bouche : « Heia !! », « Heia – Heia – Heia !! » (prononcé [Aya], comme Balavoine dans Dieu que c’est beau) (pour ceux qui auraient un doute, oui ça veut dire « Allez ! ») (mais pas chez Balavoine, je pense) Les gamins surtout ; au début c’est trop chou ces petites têtes (très) blondes (très clair) qui vous heia-isent à tue-tête : à l’arrêt, en voiture, dans un sens, dans l’autre… bon, rapidement, ça tue bien la tête en effet. Me rappelle avoir re-couru exprès pour chauffer le public dans une épingle : ah, ça s’est vite agité du drapeau, c’est plaisant à voir, je suis pas sûr qu’en France... enfin bref. Bon public.
Voilà, le Norseman c’est beau c’est grand
c’est cher et ça te rend content… ou pas : en bon Frenchie forcément critique, je vois sourdre deux contradictions :
- Esprit Norse-humaniste vs. ordalie du Tee-shirt:
franchement que répondre à cette concurrente auto-déplorant sa file Tee-shirt blanc à l’hôtel dimanche matin: «Happy, yes… but it’s not the right colour…» ? La ségrégation dans la montagne est censée mais il est perturbant de voir une discrimination compétitive aussi ostensiblement matérialisée dans une société – a fortiori cette course ! – qui prétend que l’important est de participer.
- Rootitude vs. star-system : quand on est le Norseman, et pas le Blingman, esprit roots revendiqué et appliqué (autonomie obligatoire, deux mini-ravitos et une soupe au sommet, couverture à rendre pour les suivants), n’y a-t-il pas comme un embryon de contradiction à se gaver de medias/photographes/filmeurs/pilotes-de-drone (1 pour 2 concurrents dans le bateau ?) qui vont bien capturer tes chaudes larmes au sommet ah-la-la que d’émotion ? Et à tenir son riche petit marché aux produits siglés avant et après course derrière l’austérité du riquiqui village exposants ?
Certes, au tarif norvégien, la course n’est vraiment pas chère (340euros x ½ pour passer en prix « normal » = 170 euros qui dit mieux ?) ; les goodies susnommés ne sont apparemment pas vendus ailleurs (si j’en crois ma mission veste
…Pour autant, je persiste à trouver magique cet adjectif Extreme qui permet de s’offrir une comm’ de diva avec des frais de bûcheron : malins, ces Norvégiens
Et toujours,
l’indicateur Bertrand(c) :volumes d'entraînement du 1er janvier jusqu'à la course (samedi 3 août 2013) :
104 km nat'
3640 km vélo ~53000 D+
965 km càp dont 23 enchaînements + 12 séances de frac
Budget :Ah oui, au fait, en passant :
comptez plus de 4000 euros pour 4 personnes pendant une semaine et demie avec ouature depuis la France embarquée en ferry à Hirtshals (aller de nuit pour Bergen, retour en 2h par Kristiansand), hébergements allant de la Guest House pas mal (Lofthus) à l’AJ de base ; et alimentation aux promos de supermarché parce que le Kebab, pour exemple, est à 10 euros sans frites – ah oui quand même (pareil au MacDo) (j’ai pas dit qu’il faut ingurgiter ça hein ! C’est juste pour donner une idée)
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