" plus jamais, c'est la dernière fois que je fais un truc pareil...", ce furent mes premiers mots en passant la ligne d'arrivée !!
Pour un premier trail nocturne, je voulais du souvenir, et bien sur ce coup j'ai été servi !!!!
Arrivée vers 18H sur place, j'ai déjà été marqué par l'ambiance feutrée du hall du palais des congrès, quelques centaines de coureurs y étaient regroupés, certains enmaillotés dans leurs sacs de couchages... L'ambiance montagne est bien présente, et ça me rappelle les veilles d'ascension ou l'on doit se coucher à peine le soleil couché pour se réveiller bien avant l'aube...
Une chose est certaine, je n'ai pas envie de rester là bas plus longtemps, alors direction Sorbier pour prendre l'apéro ( eau pétillante et jus de fruit sont au programme). Petit resto Italien avec des amis et hop direction le départ, il est 23H15, au moins ça limite le stress d'avant départ, nous retrouvons les camarades, c'est quand même sympa de retrouve Nico, Walter, Matthieu, Guigui et Guilhem quelques instants.
Il est temps de retrouver la ligne de départ, et les sas ( qui sont hyper mal foutus), les relais s'y pressent, le public aussi, car chacun veut suivre son chouchou jusqu'au bout... Allez c'est pas grave, je rentre dans le sas 9-11h, j'ai déjà perdu mes petits camarades ( avant le départ, belle performance).
Coup de feu, départ, bouchon, ça y est on trottine, la route est large, donc on arrive rapidement à courir ( beaucoup plus rapidement qu'aux 4 chateaux).
Première partie du parcours, 7 km plutôt roulants dans les zones industrielles de Saint Etienne ( cette partie a peu d'intérêt je trouve).
J'ai décidé de ne pas m'affoler, donc le cardio est fixé à 140, et hop en avant !!
Nous rencontrons les premières difficultés entre Sorbiers et Saint Christo, dès que nous quittons la route goudronnée, nous trouvons la glace et le verglas... Alors là on est dans l'age de glace, et je me sens un peu comme scrat avec son gland dans les mains, des chutes, des glissades, c'est comique, ça fait super peur, et surtout je n'ai absolument pas prévu de me casser une jambe aujourd'hui...
Après la glace, la neige en quantité absolument énorme du côté de Moreau, ou les congères de 40 cm ne sont pas rares. Sur les crêtes, alors que normalement on pourrait envoyer le pâté, on marche, c'est frustrant, je me tente du freeride, en passant dans les champs, sauf que la perte d'énergie est énorme, donc je rentre dans le rang et c'est parti pour une longue "marche de l'empereur", indicible nature, mais que pousse donc ces gens à procéder à une transhumence entre Saint Etienne à Lyon...
Un type à côté de moi me dit " prends ça comme une longue rando, l'an dernier j'ai fait 7H, mais là il ne faut plus avoir d'objectif de temps".
Je n'arrête pas de calculer mon temps d'arrivée potentiel, ça va commencer à être chaud d'arriver en moins de 9H00, je passe le marathon en 5H20, ça me paraît énorme... C'est à peu près à ce moment que je vois Matthieu au ravito, on se suit un peu, il se prend 2 gauffres coup sur coup, là je commence à avoir peur, il reste 30 km à faire, et ça devient vraiment dangereux avec la fatigue...
Dans la descente d'Arfeuil, je vois des secouristes qui remonte un type qui s'est fracassé un tibia dans la descente, il faut dire que cette descente est déjà difficile dans des conditions normales, alors là avec la glace, même les Duchesnay n'auraient pas réussi à nous faire un vrai spectacle de patinage...
A ce moment là, le moral en prend un coup, je me dis que si ça ne s'améliore pas, je rend les armes, et je prends un bus pour Gerland...
Bon ça n'a pas duré longtemps, car je reçois un coup de fil de guigui à 2 km du ravito des 56 km : " Cyril je suis au ravito, j'en peux plus, tu vas me rattraper, je marche", ma réponse a été " Non Guigui, tu vas pas marcher, sinon de toute façon je te rattrape et même si je dois te mettre des coups de pieds au fesse, on finira ensemble".
Merci Guigui pour ton coup de fil, même si je n'ai pas réussi à te reprendre, voire même je pense que tu m'a semé après.
Bon après, ce fut la lente agonie, j'ai les hanches et les chevilles qui me font un mal de chien, le fait d'être crispé sur le verglas n'a rien arrangé... L'hallali a sonné, mais je vais finir, pourquoi parce qu'à l'inverse de millions de gens, et de beaucoup d'amis, je peux courir, j'ai juste mal, mais ce n'est pas une raison valable pour m'arrêter à quelques km de l'arrivée !
Au ravito des 60, j'appelle Cécile, je crois que j'ai envie d'entendre sa voix m'encourager, ça y est c'est fait, il me reste 11 km, je sais qu'ils seront plats, mais que ce ne sont pas les plus faciles, un mec à côté de moi me dit que c'est la dernière ligne droite, et que maintenant c'est au mental ( enfin à ce moment là ça fait déjà quelques heures que je marche au mental).
Allez hop je repars après un ravito soupe, saucisson et fromage ( l'essentiel de mes ravitos sur cette course). Et là coup dure, avec une côte marquée à 20%, je suis vert, moi qui pensais que ça allait être roulant jusqu'à l'arriver.
Un texto de mon frêre, ça me redonne encore une bonne dose d'energie, j'ai ma cheville gauche qui va exploser, j'ai vraiment trop mal.
Et après lente progression, marche et course alternée, je me fais doubler par des gars qui doivent être à 12/13 kmH, c'est chouette ils sont en forme...
La neige tombe à gros flocons sur Lyon, c'est juste beau, mais qu'est ce que c'est long ces quais à 8 à l'heure !!!!!!
Allez, j'arrive sur Gerland, quelqu'un m'annonce qu'il reste 500m, ça y est j'y suis j'entend un " vas-y mon doudou", je pose pour la photo, les larmes montent (comme à chaque passage de ligne, j'ai une grosse pensée pour pleins de gens qui me sont chers et qui ne peuvent pas ou plus faire ce genre de chose).
Le chrono n'est pas fabuleux, mais j'ai passé la ligne, 9H28 de course à pied, il faut être complétement malade quand même...
Merci et félicitations au copains, vous avez assuré, il n'y a pas que des triathlètes à Meudon !!!
Et félicitations à Cécile qui a résisté au froid durant quelques heures pour attendre notre arrivée ;-)
Bon alors... c'est quand le prochain