Run the Rann 7 et 9 février 2015
Lorsque Gaël m’a proposé de venir en Inde courir « Run the Rann 100 miles» début janvier, je n’ai pas hésité un instant. Le ministère du tourisme de la province du Gujarat souhaite inviter une vingtaine de coureurs internationaux afin de promouvoir cette course et ce site auprès de la communauté du « trail running » Seuls 9 d’entre nous ont pu venir, les autres n’ont malheureusement pas eu leurs visas à temps. Run the Rann est née l’année dernière avec 3 formats de course 21km, 42km puis 101 km. Cette année, a été ajouté la distance de 100 milles (161km) Les épreuves ont lieu sur l’ile de Khadir Bet à Dholavira au nord ouest de l’inde, très proche de la frontière Pakistanaise. Un endroit assez incroyable entouré d’un immense désert de sel. Après 2 longs vols, un petit tour en tuk-tuk et 11h de car ou j’ai eu le temps de faire connaissance avec les autres coureurs, nous voici arrivés à destination. Nous sommes accueillis dans un magnifique camp composé de dizaine de tentes façon « Marathon des sables » mais dans un style très « indiens ».
Je partagerai la mienne avec 2 anglais et le seul français de la bande. Après un excellent dîner « indien », une bonne nuit de sommeil pour récupérer de la journée de voyage. Le vendredi est consacré aux préparatifs et repérage des environs. Pour les distances 101 et 161 km, le parcours s’effectuera au GPS. Les 2 tracés seront préalablement téléchargés dans les appareils fournis par l’organisation. Heureusement ceux-ci sont assez simple d’utilisation. Le départ des 4 courses est donné en même temps à 7h30 le samedi matin. L’ambiance est très détendue , je ne réalise pas vraiment que je pars pour 161 km . Nous sommes une centaine de coureurs au total, le temps de prendre quelques photos avec les concurrents et c’est parti pour un week end de course à pied ! Le cut-off time des 100 miles est de 48h. La première partie de la course se déroule tranquillement a petite allure, Josh, Justin, François-Xavier et moi suivons le parcours balisé du 21 et 42km pour l’instant avant de bifurquer sur le 101 et 161km ou il sera temps d’allumer nos GPS. Les ravitaillements sont espacés d’environ 10/15km les uns des autres, lorsque nous arrivons au 3ème ravito, un jeune indien jette un œil a nos dossards et nous dit »Guys, you are on the wrong way !!! » Nous aurions du allumer nos GPS au précèdent ravitaillement et nous découvrons que nous avons parcouru 12 km de trop !!! Super, nous repérons la route à suivre grâce au GPS . Notre progression est lente, sur la côte nord de l’ile, la végétation est hyper dense, tous les arbustes sont pourvues d’épines énormes qui nous griffent les mollets et cuisses, il fait 32° et nous nous rapprochons gentiment de notre ravitaillement (spécifique au 101 et 161km) Il n’y a aucun sentier dans cette partie de l’ile et nous sommes parfois obligés de faire de grands détours pour éviter des massifs épineux et grands canyons dans lesquelles il faut souvent mettre les mains pour grimper. Il est environ 14h au moment ou nous apercevons le ravito, nos réserves d’eau sont épuisés depuis environ 1h et il nous tarde de nous poser à l’ombre et de boire ! Le jeune indien nous accueille avec un grand sourire sous son parasol et m’explique qu’il n’a plus d’eau !!!! « Comment ça plus d’eau « ??!!?? François-Xavier est blanc comme un linge, il est déshydraté … Que faire ? Nous sommes a a peu-près 10 h de marche du départ, cet endroit est inaccessible en vélo, moto ou 4/4, et il n’y a pas d’hélico sur la course ! Pas de panique, un groupe de 9 coureurs arrive quelques minutes plus tard et eux ont encore des réserves d’eau.
Ils nous proposent gentiment de les partager et de nous diriger ensemble vers le prochain point de contrôle situé à environ 10km. François-Xavier accuse le coup, la chaleur et la fatigue met nos organismes a rude épreuve. 2 h et demi plus tard le ravitaillement visible sur la trace GPS se rapproche, nous devrions l’apercevoir d’un moment à l’autre lorsque l’un des concurrents trouve au sol le panneau « AB5 » mais aucune trace de table, parasol ou bouteilles d’eau ! AB5 n’existe pas ! Rien, nada ! Là, je sens la panique, la colère montée car plus personne n’a d’eau. Justin, Ultra-Runner et journaliste indépendant très influent dans la communauté trail-running explose ! A entendre le nombre de « fuck » dans ses phrases, je devine qu’il est très fâché !!! François est vraiment mal en point , Keep cool, asseyons nous à l’ombre et tentons de joindre quelqu’un au téléphone( heureusement il y a du réseau sur l’ile) Le numéro d’urgence de la course sonne dans le vide !? Nous arrivons tout de même a joindre le directeur de course (Mon ami Gaël)) qui par miracle se trouve au prochain point de contrôle a environ 15km. Nous lui expliquons la situation et tout de suite il se propose de nous rejoindre à pied avec de l’eau, il nous assure qu’a l’endroit ou il se trouve, il y a nourriture et eau a foison . Il mettra près de 2h 30 pour venir à nous, François-Xavier reprends ses esprits, le soleil s’est couché et la fraicheur de la nuit nous fait un bien fou. Nous nous jetons sur l’eau qu’il nous apporte et aussitôt nous reprenons la route direction le prochain point de contrôle. Pour Justin et Josh , la course est finie. Ils n’ont plus confiance en l’organisation, s’ il n’ya pas de ravitaillement lorsque nous serons dans le désert cela risque effectivement d’être compliqué ! Nous arriverons a AB6 vers 22h, il ya comme promis de l’eau et de la nourriture (d’excellents plateaux repas, un peu épicés…) le boss de la course est présent et une discussion houleuse entre coureurs et organisateurs s’en suit, il nous propose de nous ramener au camp de base pour ceux qui veulent abandonner (ce ravitaillement est accessible en 4 /4 ) Justin et Josh arrêtent les frais, ils quittent la course, pour ma part je suis partagé entre déception et colère. Après une longue discussion avec Gaël, je décide de continuer. Après tout, il y a 5 coureurs devant nous qui eux sont passés au travers. Mon acolyte François-Xavier a repris des forces et veux bien m’accompagner. Nous voilà repartis au beau milieu de la nuit dans le désert de sel.
La lune est pleine donc plus besoin de lampe frontale et chaque foulée fait croustiller le sel sous nos pieds. Arrives a AB7 François a très envie de dormir, il préfère faire un somme alors que moi j’ai une pêche d’enfer ! Nous nous séparerons là, je continue seul en souplesse jusqu’au lever du soleil, instant magique, a 360° du sel a perte de vue.
Je rejoins l’ile vers 10h du matin, il commence à faire très chaud, j’ai parcouru un peu plus de 100km et la fatigue me gagne. Mon GPS me fait quelques caprices lorsque je suis rejoins par Mimi Anderson, ultra runneuse anglaise qui est ravie de retrouver quelqu’un avec qui partager la route. Nous passerons la journée ensemble, c’est plus sympa a deux ! Tous les ravitaillements sur notre chemin sont heureusement bien approvisionnés. En fin d’après midi, je sens le bon coup de bambou, je peine à suivre Mimi et lui propose de continuer seule. Elle me déconseille vivement de m’arrêter dormir, je me rafraichi la tête avec un foulard mouillé et Mimi m’explique que la nuit va bientôt tomber et qu’il vaut mieux continuer sur ma lancée.
Elle part seule pour la fin de course et je continue ma route avec mon GPS. A la tombée de la nuit je sens que je ne suis plus très lucide, les hallucinations commencent ! J’ai parfois des montées d’adrénaline, le sentiment soudain d’être déjà passé a certains endroits 2 heures avant, l’impression de tourner en rond, tout se ressemble, la végétation, les monts, il est vraiment temps d’en finir ! Encore 20 km , 2 ravitaillements et le « calvaire » sera fini, j’ai hyper sommeille, les pieds défoncées, mais je garde mon calme malgré cette végétation qui m’agace, je n’en peux plus de ces épines !!! Qui est le dingue qui a dessiné ce parcours ??? Au dernier ravito, les 2 bénévoles viennent a ma rencontre avec une lampe torche et m’accompagnent, ils ont fait un grand feu et me propose du riz cuisiné (encore épicé) et un red-bull. Je reste un bon quart d’heure discuter avec eux, ils sont si sympathiques. Allez encore 10 bornes et c’est fini, je me rapproche du village et j’entends au loin de la musique « techno », en fait ce n’est pas de le musique mais des chiens qui aboient !!! Je délire, c’est le manque de sommeil, cela ressemble à l’état dans lequel on est avec 39° de fièvre ! Je me dis que de toutes façons je n’ai pas d’autres choix que de finir cette course, mon lit se trouve a quelques dizaine de minutes maintenant. Il est 2h du matin lorsque j’arrive au base- camp, 2 personnes sont la pour m’accueillir et mon ami Gaël est la aussi. Une bonne accolade, quelques larmes de joie et il est temps d’aller dormir après 43h de course. Pas le courage de prendre une douche, j’enlève mes chaussures, mon sac et ma casquette et je m’écroule littéralement dans mon lit !
Lorsque Gaël m’a proposé de venir en Inde courir « Run the Rann 100 miles» début janvier, je n’ai pas hésité un instant. Le ministère du tourisme de la province du Gujarat souhaite inviter une vingtaine de coureurs internationaux afin de promouvoir cette course et ce site auprès de la communauté du « trail running » Seuls 9 d’entre nous ont pu venir, les autres n’ont malheureusement pas eu leurs visas à temps. Run the Rann est née l’année dernière avec 3 formats de course 21km, 42km puis 101 km. Cette année, a été ajouté la distance de 100 milles (161km) Les épreuves ont lieu sur l’ile de Khadir Bet à Dholavira au nord ouest de l’inde, très proche de la frontière Pakistanaise. Un endroit assez incroyable entouré d’un immense désert de sel. Après 2 longs vols, un petit tour en tuk-tuk et 11h de car ou j’ai eu le temps de faire connaissance avec les autres coureurs, nous voici arrivés à destination. Nous sommes accueillis dans un magnifique camp composé de dizaine de tentes façon « Marathon des sables » mais dans un style très « indiens ».
Je partagerai la mienne avec 2 anglais et le seul français de la bande. Après un excellent dîner « indien », une bonne nuit de sommeil pour récupérer de la journée de voyage. Le vendredi est consacré aux préparatifs et repérage des environs. Pour les distances 101 et 161 km, le parcours s’effectuera au GPS. Les 2 tracés seront préalablement téléchargés dans les appareils fournis par l’organisation. Heureusement ceux-ci sont assez simple d’utilisation. Le départ des 4 courses est donné en même temps à 7h30 le samedi matin. L’ambiance est très détendue , je ne réalise pas vraiment que je pars pour 161 km . Nous sommes une centaine de coureurs au total, le temps de prendre quelques photos avec les concurrents et c’est parti pour un week end de course à pied ! Le cut-off time des 100 miles est de 48h. La première partie de la course se déroule tranquillement a petite allure, Josh, Justin, François-Xavier et moi suivons le parcours balisé du 21 et 42km pour l’instant avant de bifurquer sur le 101 et 161km ou il sera temps d’allumer nos GPS. Les ravitaillements sont espacés d’environ 10/15km les uns des autres, lorsque nous arrivons au 3ème ravito, un jeune indien jette un œil a nos dossards et nous dit »Guys, you are on the wrong way !!! » Nous aurions du allumer nos GPS au précèdent ravitaillement et nous découvrons que nous avons parcouru 12 km de trop !!! Super, nous repérons la route à suivre grâce au GPS . Notre progression est lente, sur la côte nord de l’ile, la végétation est hyper dense, tous les arbustes sont pourvues d’épines énormes qui nous griffent les mollets et cuisses, il fait 32° et nous nous rapprochons gentiment de notre ravitaillement (spécifique au 101 et 161km) Il n’y a aucun sentier dans cette partie de l’ile et nous sommes parfois obligés de faire de grands détours pour éviter des massifs épineux et grands canyons dans lesquelles il faut souvent mettre les mains pour grimper. Il est environ 14h au moment ou nous apercevons le ravito, nos réserves d’eau sont épuisés depuis environ 1h et il nous tarde de nous poser à l’ombre et de boire ! Le jeune indien nous accueille avec un grand sourire sous son parasol et m’explique qu’il n’a plus d’eau !!!! « Comment ça plus d’eau « ??!!?? François-Xavier est blanc comme un linge, il est déshydraté … Que faire ? Nous sommes a a peu-près 10 h de marche du départ, cet endroit est inaccessible en vélo, moto ou 4/4, et il n’y a pas d’hélico sur la course ! Pas de panique, un groupe de 9 coureurs arrive quelques minutes plus tard et eux ont encore des réserves d’eau.
Ils nous proposent gentiment de les partager et de nous diriger ensemble vers le prochain point de contrôle situé à environ 10km. François-Xavier accuse le coup, la chaleur et la fatigue met nos organismes a rude épreuve. 2 h et demi plus tard le ravitaillement visible sur la trace GPS se rapproche, nous devrions l’apercevoir d’un moment à l’autre lorsque l’un des concurrents trouve au sol le panneau « AB5 » mais aucune trace de table, parasol ou bouteilles d’eau ! AB5 n’existe pas ! Rien, nada ! Là, je sens la panique, la colère montée car plus personne n’a d’eau. Justin, Ultra-Runner et journaliste indépendant très influent dans la communauté trail-running explose ! A entendre le nombre de « fuck » dans ses phrases, je devine qu’il est très fâché !!! François est vraiment mal en point , Keep cool, asseyons nous à l’ombre et tentons de joindre quelqu’un au téléphone( heureusement il y a du réseau sur l’ile) Le numéro d’urgence de la course sonne dans le vide !? Nous arrivons tout de même a joindre le directeur de course (Mon ami Gaël)) qui par miracle se trouve au prochain point de contrôle a environ 15km. Nous lui expliquons la situation et tout de suite il se propose de nous rejoindre à pied avec de l’eau, il nous assure qu’a l’endroit ou il se trouve, il y a nourriture et eau a foison . Il mettra près de 2h 30 pour venir à nous, François-Xavier reprends ses esprits, le soleil s’est couché et la fraicheur de la nuit nous fait un bien fou. Nous nous jetons sur l’eau qu’il nous apporte et aussitôt nous reprenons la route direction le prochain point de contrôle. Pour Justin et Josh , la course est finie. Ils n’ont plus confiance en l’organisation, s’ il n’ya pas de ravitaillement lorsque nous serons dans le désert cela risque effectivement d’être compliqué ! Nous arriverons a AB6 vers 22h, il ya comme promis de l’eau et de la nourriture (d’excellents plateaux repas, un peu épicés…) le boss de la course est présent et une discussion houleuse entre coureurs et organisateurs s’en suit, il nous propose de nous ramener au camp de base pour ceux qui veulent abandonner (ce ravitaillement est accessible en 4 /4 ) Justin et Josh arrêtent les frais, ils quittent la course, pour ma part je suis partagé entre déception et colère. Après une longue discussion avec Gaël, je décide de continuer. Après tout, il y a 5 coureurs devant nous qui eux sont passés au travers. Mon acolyte François-Xavier a repris des forces et veux bien m’accompagner. Nous voilà repartis au beau milieu de la nuit dans le désert de sel.
La lune est pleine donc plus besoin de lampe frontale et chaque foulée fait croustiller le sel sous nos pieds. Arrives a AB7 François a très envie de dormir, il préfère faire un somme alors que moi j’ai une pêche d’enfer ! Nous nous séparerons là, je continue seul en souplesse jusqu’au lever du soleil, instant magique, a 360° du sel a perte de vue.
Je rejoins l’ile vers 10h du matin, il commence à faire très chaud, j’ai parcouru un peu plus de 100km et la fatigue me gagne. Mon GPS me fait quelques caprices lorsque je suis rejoins par Mimi Anderson, ultra runneuse anglaise qui est ravie de retrouver quelqu’un avec qui partager la route. Nous passerons la journée ensemble, c’est plus sympa a deux ! Tous les ravitaillements sur notre chemin sont heureusement bien approvisionnés. En fin d’après midi, je sens le bon coup de bambou, je peine à suivre Mimi et lui propose de continuer seule. Elle me déconseille vivement de m’arrêter dormir, je me rafraichi la tête avec un foulard mouillé et Mimi m’explique que la nuit va bientôt tomber et qu’il vaut mieux continuer sur ma lancée.
Elle part seule pour la fin de course et je continue ma route avec mon GPS. A la tombée de la nuit je sens que je ne suis plus très lucide, les hallucinations commencent ! J’ai parfois des montées d’adrénaline, le sentiment soudain d’être déjà passé a certains endroits 2 heures avant, l’impression de tourner en rond, tout se ressemble, la végétation, les monts, il est vraiment temps d’en finir ! Encore 20 km , 2 ravitaillements et le « calvaire » sera fini, j’ai hyper sommeille, les pieds défoncées, mais je garde mon calme malgré cette végétation qui m’agace, je n’en peux plus de ces épines !!! Qui est le dingue qui a dessiné ce parcours ??? Au dernier ravito, les 2 bénévoles viennent a ma rencontre avec une lampe torche et m’accompagnent, ils ont fait un grand feu et me propose du riz cuisiné (encore épicé) et un red-bull. Je reste un bon quart d’heure discuter avec eux, ils sont si sympathiques. Allez encore 10 bornes et c’est fini, je me rapproche du village et j’entends au loin de la musique « techno », en fait ce n’est pas de le musique mais des chiens qui aboient !!! Je délire, c’est le manque de sommeil, cela ressemble à l’état dans lequel on est avec 39° de fièvre ! Je me dis que de toutes façons je n’ai pas d’autres choix que de finir cette course, mon lit se trouve a quelques dizaine de minutes maintenant. Il est 2h du matin lorsque j’arrive au base- camp, 2 personnes sont la pour m’accueillir et mon ami Gaël est la aussi. Une bonne accolade, quelques larmes de joie et il est temps d’aller dormir après 43h de course. Pas le courage de prendre une douche, j’enlève mes chaussures, mon sac et ma casquette et je m’écroule littéralement dans mon lit !