Merci à vous tous pour votre soutiens
Je savais que vous étiez là pendant la course
Voici mon histoire
Chamonix mercredi : l’ambiance d’avant course est là, les gilets de finisher des années précédentes sont partout. La PTL (Petite Trotte à Léon) est partie depuis lundi : 300k et 24km D+
Demain la TDS (Trace des Ducs de Savoie) s’élance depuis Courmayeur.
Jeudi matin petit survol de Chamonix pendant l’arrivée de la TDS, il ne reste plus que l’après midi pour une grosse sieste et une nuit courte avant la CCC (Courmayeur Champex et Chamonix)
Vendredi debout 5h30, petit dej et en route pour le premier km de la journée vers le bus pour Courmayeur.
Retrouvailles avec les copains du CIVC à la patinoire de Courmayeur et attente pour un départ à 9h30
4 heures pour prendre le départ, pas de vélo ni d’affaires à installer, plutôt tranquille comme avant course, en trail on ne laisse rien sur place, même pas un bout de papier car on a nos poubelles « sportables » .
Il est temps maintenant de rejoindre le départ 1,5km plus loin au centre de Courmayeur, on commence à ajuster les sacs (5 bons kilos avec les pleins et les bâtons).
9h00 : après la traditionnelle musique, les bâtons se lèvent et la première vague s’élance, deux vagues plus tard c’est notre tour de traverser Courmayeur, chacun cherchant l’allure la plus économique.
Les habituelles pauses techniques s’organisent le long de la route, à la sortie de la ville le bitume laisse place au premier single et les bouchons commencent, qu’à cela ne tienne la route sera longue et personne ne rouspète.
La montée de la tête de la Tronche est maintenant là avec sa file ininterrompue de traileurs jusqu’au sommet que l’on aperçoit maintenant.
L’altitude commence à se ressentir mais l’allure contenue par les multiples embouteillages me permet de progresser sur une bonne base sans trop de dégâts.
De mes 2 comparses du CIVC je retrouve à mis pente Sylvie qui ne va pas bien, elle se glisse derrière moi mais doit lever le pied.
Après plus de 3 heures je bascule sur la crête vers le refuge Bertone au dessus de l’entrée du tunnel du mont Blanc côté Italien, mais mes craintes après les reconnaissances se confirment, je ne suis pas en mesure de vraiment courir même en descente. Je passe Bertone sans m’arrêter, les réserves sont encore presqu’intactes
Il reste encore une partie roulante jusqu’au refuge Bonati et avant le Grand col Ferret, je me change avec du sec et je repars, les choses s’arrangent un peu, on est plus bas.
Refuge Bonati ravitaillement rapide, je sens la barrière horaire qui n’est pas loin, il ne faut rien lâcher, descente vers Arnurva, de nouveau ravito mais déjà la barrière se fait sentir, reste 10 minutes et devant il y a le Grand col Ferret.
Il faut tenir, tenir, tenir. La montée du Grand Ferret est interminable avec des arrêts pour reprendre mon souffle, l’altitude est de nouveau présente, le cardio ne dépasse plus les 120 pulses.
J’aperçois enfin le sommet et les cabines en plexiglas installées pour l’occasion.
Mon dossard est badgé, je bascule en Suisse, heureux d’en terminer avec ces 2 gros morceaux et surtout d’être encore dans les temps.
La descente passe mieux que du côté de Bertone et depuis notre reconnaissance début août le chemin a été nivelé et élargi. L’absence de cailloux et la terre meuble sous les chaussures facilite une allure souple.
J’en profite pour faire même une photo et première alerte : une crampe aux adducteurs.
Boire, boire, il faut boire, je repars et commence à cogiter sur la barrière horaire de la Fouly.
Je l’ai déjà faite cette descente, il ne faut pas chômer je n’ai pas idée du temps restant.
Avec Isa on avait mis une bonne heure !!! On descend et j’arrive à reprendre une véritable allure. Au loin je commence à distinguer le camping de La Fouly et comme je n’ai pas idée où se trouve exactement le ravitaillement je serre les dents, au centre du village j’aperçois enfin le ravito. 19h58: il me reste 2 minutes pour faire les pleins et ressortir de la tente.
Encore un de passé et prochaine étape Champex.
Je ne connais pas cette partie mais je sais qu’il y a 14 kms dont une bonne dizaine en descente et à moins de 1300m
L’allure se met en place et la lumière commence à décroitre.
Je retarde la sortie de la frontale en profitant au maximum des autres concurrents déjà équipés
Je fini par m’éclairer et je repars en chasse de ceux qui m’ont passés
C’est de plus en plus sombre et on longe un précipice.
Une chaine sur la paroi me dit d’être prudent, je regarde ou je mets les pieds, ne pas tourner la tête et perdre le chemin de vue.
Je rattrape un groupe, le Japonais de queue me laisse passer.
Devant moi un autre coureur, je me rapproche, il trébuche une première fois, puis 2, puis très souvent, j’évite de justesse un coup de bâton suite à son déséquilibre.
Je reprends mes distances, j’analyse la situation, je vais attendre le bon moment pour doubler.
Je repense aux cyclos quand j’aperçois les lumières du prochain groupe, il faut que je sorte et que j’aille les chercher.
C’est fait et sur un chemin en crête bien roulant je passe encore 3 autres petits paquets.
Bientôt on arrive dans un village et nos pieds retrouvent le bonheur du Bitume.
Les chalets de la vallée dans la nuit au cœur des villages sont magnifiques.
Quelques Valaisans malgré l’heure tardive nous accueillent et ont même installé quelques ravitos devant chez eux.
Devant nous on aperçoit les lumières qui commencent la montée vers Champex.
Je ne regarde même plus ma montre, de toutes façons faut avancer et j’espère encore en avoir sous le pied pour au moins atteindre le 2 ème C de la course.
Les premiers mètres de la montée sont compliqués, je m’aperçois que pour d’autres aussi.
Ne riens lâcher, ne rien lâcher, les textos que j’ai reçus depuis mon départ m’y encouragent.
Le rythme s’installe et je reprends des concurrents, j’emmène le groupe étaux.
Au milieu de la montée des lumières et au badgeage du dossard, je lance au gars « on est dans les temps » et il me répond que çà devrai le faire.
J’ai un petit moment d’émotion en pensant que je suis encore dans la course et que tous ceux qui me suivent vont être informés.
Je relance le groupe lâche derrière et on reste à deux, les relais se font bien et bientôt Champex
Il ne reste plus qu’a atteindre le lacs, je me surprends même à courir vers le ravito dans les dernières montées
Champex 20 minutes de la barrière et 70 places de reprises.
Direction le ravito sous la tente, je récupère quelques TUC, du fromage et un peu de saucisson, je me brûle à moitié avec le bol de soupe et je dépose le tout sur une table.
Mon corps me réclame de l’eau gazeuse, il y a des bouteilles sur les tables mais il faut son gobelet me dit la bénévole, et je retourne le chercher.
Enfin je me pose
Trop content d’être là, je veux le partager et j’envoie un texto à tout le monde, j’appelle Isabelle et j’en oublie l’essentiel : manger, manger, manger ……
Déjà on nous annonce « plus que 5 minutes avant la neutralisation »
Je ramasse mes affaires et je quitte le ravito
Je m’équipe à l’extérieur et je repars.
Arrivé le long du lac de Champex, je m’installe sur un bang éclairé pour m’équiper de mon coupe vent.
En vérifiant que je n’ai rien fait tomber, horreur, j’ai laissé mon portable sur la table du ravito.
Je repars en courant direction la tente.
Heureusement les bénévoles l’avaient et me le redonnent, maintenant il faut repartir.
L’allure est moins bonne et je suis dernier en compagnie d’une japonaise qui ne fait que parler et en anglais, j’ai déjà du mal en temps normal mais là dans la nuit avec la fatigue, je la laisse partir. Je crois même qu’elle ne s’est pas aperçue que je n’étais plus là.
Le chemin descend, le sol est bon mais je n’arrive plus vraiment à courir.
Je sais qu’il va falloir bientôt descendre un single traversé de racines.
Je croise quelques coureurs qui font demi tour, je me dis « on verra bien à Bovine ».
La Japonaise est au loin et semble hésiter, finalement elle prend le petit chemin, je la suis.
Réglage de la frontale pour voir les racines qui se croisent dans tous les sens, je glisse et trébuche une première fois, puis les temps de réaction musculaire sont de plus en plus lents, et je ralentis complètement pour éviter la catastrophe. Je marche en descente !!!
A la sortie du chemin, je montre la route à un petit groupe égaré, merci la reco avec Isa.
Plus loin il y a la dernière maison avant la montée vers Bovine et je décide de me poser sous une lumière et de faire l’état des lieux
Une autre japonaise s’arrête aussi pour faire je ne sais quoi dans son sac. Elle a plus une allure de tennis women que de traileuse, elle repart tranquillement. Il y avait beaucoup de japonaise ce soir là.
Maintenant je suis seul, quelques coureurs passent sur le chemin, tiens je n’étais pas le dernier !
Je bois et je me dis que j’aviserai au ravito de Bovine si je continue, déjà content d’être là.
Un véhicule arrive sur le chemin et je pense que ce sont les propriétaires du Chalet.
C’est en fait l’organisation qui surveille les égarés.
Ils me demandent si çà va et m’apprennent qu’il n’y a rien avant Trient si je m’engage plus loin.
Je décide sans déception de rentrer à Champex avec eux
Il ne faut jamais aller trop loin surtout en montagne.
Je me contenterai cette année de la
CC Quelques heures plus tard de retour avec le bus pour Chamonix à Trient, on récupère les japonaises.
En arrivant à Chamonix, les finishers passent la ligne et je mesure la difficulté et la beauté de ces courses.
Bravo à tous les Meudonnais qui ont déjà terminés ou pas ces courses.
Merci à Isa pour les reconnaissances en Suisse et en Italie, le plaisir est aussi avant la course sur ce genre de parcours.