bonjour à tous,
voilà le cr tant attendu…çà peut être un peu mélo parfois mais j'ai essayé de vous retranscrire ce que j'avais vécu avant et pendant la course.
Encore un grand merci pour tous vos encouragements!
Que je le veuille ou non cette dernière semaine fut la plus intense de ma vie.
J'ai vécu un drame personnel la semaine qui précède la course.
Contre toute attente (car il était en bonne santé malgré ses 88 ans) , mon grand père est décédé subitement mardi dernier.
Nous étions très proches : il s'était déplacé pour m'encourager au half chtriman de Cambrai deux années de suite . Il éprouvait toujours une grande fierté à me voir courir malgré ses inquiétudes. C'est donc à lui que je pense en particulier, à mes grands-parents en général puisqu'il en était le dernier représentant.
A lui que je dédie cette course et bien sûr à ma famille qui m’a soutenu depuis plusieurs mois.
La semaine avant course a donc été perturbée tant émotionnellement que physiquement puisque j'ai quitté le nord de la France vendredi 11H après l'enterrement pour arriver sur Nice vendredi soir vers 23h30. Le temps de réfléchir, de me dire que je ne devrais pas y aller, le temps des doutes…
Arrivé sur Nice à 23h et Première rencontre : le M.Dot en rouge lumineux qui affichait le décompte de la course...çà met dans l'ambiance de voir l’arrivée comme çà …la finish line qui attend.
Pourquoi Nice ?
LE post de Pascal en 2008 sur l’IM de Nice m’a vraiment décidé à m'inscrire. (http://pgb51.typepad.com/lesprit_du_sport/2008/06/la-premi%C3%A8re-chose-%C3%A0-retenir-de-cette-exp%C3%A9rience-est-avant-toit-laventure-collective-v%C3%A9cue-au-sein-du-meudon-triathlon.html)
Je ne suis pas IM-lover (je veux dire par essence accroc à la marque au point de porter des caleçons) mais c'est vrai qu'on se prend sérieusement au jeu.
Crevé, vidé, j'arrive à la chambre, je dépose tout en vrac pour une nuit trop courte.
J-1 : Reveillé le lendemain, départ pour le village expo.
Par précaution et pour soigner ma contracture à l'épaule et mon mal de dos du aux 11h de route, une séance de massage m'attend sur le village expo. Là c'est top. Passage obligé, massage profond et tonique suivi dans l'heure qui suit d'une douche froide. Le masseur est au top et çà aide vraiment.
La visite sur les stands s’impose : il y en a pour tout le monde, les enfants, la famille rebaptisée "IM family", …Je ramène aux enfants des tshirts cervelo ‘mon père est plus rapide que le tien » (interdiction de le porter dans un évènement du club çà n’aurait pas de sens ) Que des marques sportives autour de moi : zoot, tyr, nathan sports, k-swiss, cervelo, …Je suis carrément fan et c'est un régale. Je repartirai finalement avec une enième sacoche vélo profil design toujours plus grande que la précédente pour mettre encore du ravito dedans…
Une fois le dossard retiré, mon dépose vélo est à 16h. Commence le rituel des sacs : (rouge bike ,bleu run , ravito vert , ravito jaune ). J’avais déjà trié en partie mes affaires. Je remplis donc méthodiquement les sacs. J’essaie mentalement de m’imaginer en train de fouiller dans mon sac à la transition pour vérifier que rien ne manque. A 16h, c’est un grand soulagement de laisser son vélo et ses sacs de transition. Des choses de moins à penser…Les arbitres sont très présents à Nice et ne laissent rien passer : vérification des vélos, photo du triathlète avec son vélo, ils me rajoutent un bouchon de guidon car le mien s’était détaché…Oui oui j’ai bien mes trois épingles…Tout le monde dégonfle ses pneus…J’ai trouvé çà amusant car tous les vélos étaient gonflés à bloc et visiblement vue la chaleur, il était fort conseillé de les regonfler le lendemain matin pour éviter que çà éclate le soir avec la chaleur. Au cas où, un stand culture vélo était là en cas de pépin.
Petit passage par le monoprix pour préparer les ravitos persos. Sur les conseils de Rascal & Klyde, je ne néglige pas le ravito perso. C’est donc pain de mie, jambon, fromage, vachkiri et beurre salée : que des trucs plaisir.
Je finis la journée dans l’eau à crawler 100 mètres pour sentir l’eau, repérer les lieux et tester les lunettes. Je me rends compte qu’avec le soleil rasant, les verres polarisés sont indispensables pour éviter d’être ébloui le matin.
Jambon Pattes beurre salée à l’hôtel le soir préparé par le restaurant avant d’aller se coucher.
Dernier check : mon angoisse c’est de crever deux fois (donc j’ai mis une seconde chambre à air dans un des sacs ravito perso au col de l’ecre ) et de ne pas me reveiller. (donc 3 réveils le matin çà devrait suffire). Petite nuit de 6h quand même bien reposante après une demie finale de foot très décevante
Le réveil est facile. Etonnamment facile. Le café commandé ne vient pas mais pas le temps d’y penser.
L’enchaînement est d’abord mental car les tâches s’exécutent de manière consécutive.
1 préparation des gourdes, check du sac swim, check des ravitos, et en route sur la prom.
Passage au parc à vélo à 5h15 ou beaucoup de monde commence à arriver. Ben & Yann sont là. C’est important et rassurant de ne pas être seul et d’échanger quelques mots dans le parc à ce moment. Gonflage des pneus dans le noir.
Tout s’enchaîne très vite : il reste 45 min qui passe tellement vite. Il n’y a jamais d’attente. Je suis tendu.
Nous nous dirigeons ensemble sur la plage Yann, Ben et moi. Bon là c’est carrément comme dans un film…Le soleil, pas de nuage, la mer d’huile…Je regarde la première bouée…Mais p..ain, c’est loin !
Ben : »ben ouais, qu’est-ce que tu crois ? « . Bon je me dis que je suivrai la foule de toute façon.
Je pars nager 20 m mais quand je sors, l’élastique des lunette pète…(eh oui) heureusement il y en a deux.
Yann m’aide à faire un nœud rapide qui tient (bon les nœuds, j’ai toujours eu du mal à les faire alors à ce moment…).
On s’est tous mis sur les 1h25 tout à droite. Ben blessé à la jambe se ménage sans espoir de boucler la course. On entend et on voit l’hélicoptère devant nous. (ndlr : un film « L’épreuve d’une vie » de Nils Tavernier en tournage n‘y était pas étranger) . (http://www.purepeople.com/article/alexandra-lamy-et-jacques-gamblin-unis-dans-l-epreuve-d-une-vie_a102529/1)
Là coup de semonce et c’est parti ! Je m’avance lentement sur les galets pour me jeter à l’eau dans la masse des nageurs . Enfin, bien sur le côté droit quand même. C’est top. Ne cherchant pas à faire un temps en natation, je me déporte sur la droite et là çà ne cogne pas. Çà nage normal et c’est très très agréable.
La combi couplée à l’eau salée à 24degrés(23 degrés,5) fait que la nage n’est pas très difficile. Çà avance bien. Les lunettes polarisées sont top même si de l’eau rentre un peu, j’arrive à bien les repositionner.
Passage de la première bouée, hélicoptère au-dessus, je ne suis pas ridicule dans l’eau….Je nage cool pourtant. Je n’ai jamais fait cette distance en mer. L’eau est chaude. On enchaîne les bouées, la sortie à l’australienne s’approche. Et au bout de 2000m, je ne me sens pas très bien. L’eau salée me dégoûte dans la bouche et une soudaine envie de vomir me tiraille . Cà s’aggrave. Je ralentis… Sortie à l’australienne et on repart. Respirer normalement en position allongé m’aide un peu alors j’essaie de ne plus avaler d’eau et de rester calme. J’ai une boule dans l’estomac et je brasse un peu…je réussis finalement à crawler doucement . Je croise un bonnet blanc perdu ou alors un sac de supermarché ou bien ou bien... mais oui une belle méduse… ! Elle reste à bonne distance sous moi. Je continue en scrutant les fonds pour voir si un banc n’est pas complètement devant moi. Les hauts le cœur passent finalement. Petit tour et retour sur la plage ou je sors en 1h38…
Temps canon à la hauteur de mon volume d’entraînement en nat cette année .
La transition me permet de reprendre le souffle, de faire fuir ce goût d’eau salé. Je m’installe tranquillement en discutant avec une bénévole qui s’acharne à me mettre de la crème sur le dos….Ben oui mais je mets un tshirt donc….J’avais décidé de rouler couvert (manchons, jambons de compression et maillot cycliste meudon tri sur ma trifonction). Non il ne faisait pas froid….
Je mets un bandana absorbeur d’eau sous le casque…Tout çà pour lutter contre la chaleur et éviter les coups de chaud. Stratégie payante puisque la chaleur ne m'a pas fait trop souffrir (en comparaison à Belfort).
Sorti du parc et c’est parti pour un parcours vélo que j'ai tant imaginé. Je suis impressionné par le nombre d’arbitres présents, qui contrôlent, vérifient, sanctionnent : je vois des triathlètes qui s’attendent et qui se font tancer par un arbitre. Je roule en confort sans réellement souffrir ni de la course ni de la chaleur. Les 50kms sont plutôt faciles et j’en profite pour bien m’alimenter, m’hydrater (boire toutes les 10 mins). Le circuit est sympa, légèrement montant avec une vue dégagée sur la baie.
Ça se gâte à partir de Bourdon ( quand il y a du monde pour t'encourager, çà n’est jamais bon signe en fait . Ca fait du bien de monter vraiment. (Oui je sais çà a l’air un peu maso, mais ça fait plaisir d’attaquer enfin les vraies difficultés)
J’entame les 20kms avec beaucoup de prudence : le cervélo S5 me fait grimper facilement (roue légères, cadre aéro, groupe compact: le trio gagnant pour Nice) .
Le ravito arrive au bon moment et comme à chaque prochain arrêt, je renverse une bouteille d’eau complète sur les cuisses et sur le corps. J’en bois la même quantité.
Plus de 10 litres sur la Course...
L’arrivée sur le col de l’êcre se fait dans la patience, sans trop forcer sous un soleil de plus en plus fort. Un petit vent frais de temps en temps mais rien de plus.
L’arrivée au Col (non non pas d'éboulement) sera l’occasion de profiter de bons sandwichs au ravito perso. Je me tape la discute avec les bénévoles…Deux charmantes vieilles dames fort sympathiques…D’autres bénévoles genre vieux de la vieille trouvent les concurrents trop allongés sur leur vélo…Je partage leur avis….Bon c’est pas tout çà mais j’ai quand même encore 110kms à faire… Je salue les bénévoles et c’est reparti.
La descente est appréciable sur le plateau de Caussols. Pas de grosse difficulté, on est sur un effort long et je temporise sans chercher à me dépasser à ce stade. Le parcours est magnifique avec un temps toujours aussi ensoleillé. On enchaîne une grosse partie descente qui n’en finit pas…. Et donc qui remontera bien un jour : une belle montée de >5kms à partir du 100eme km assez difficile au regard de ce qui a été parcouru avant.
Le parcours en soi n’est pas très difficile mais c’est vraiment sur la longueur et sur l’enchaînement des petites côtes sous forte chaleur qui rend l’ensemble assez usant.
Au point km 110, le fameux aller/retour histoire de marquer le temps de passage me semble interminable.
Je commence à voir pas mal de cyclistes sur le bas-côté cramés, déshydratés ou simplement en train de récupérer.
On repart à ce point sans grosse difficulté.
A partir de Coursegoules, ce n’est pas bien méchant en fait pour la suite…C’est juste la fatigue générale qu’il faut bien gérer. La tendance à partir du Broc vers Gattières est sympa (mais où est la fameuse côte du Broc ? ) car çà va vite mais le circuit reste dangereux avec des virages serrés. Un cycliste en a fait les frais d’ailleurs : perf, samu,etc… : pas beau à voir...Donc prudence, prudence…
Sur Carros, c’est du plat et retour vers le point de départ. Klyde m’avait prévenu du vent de face en fin de journée et çà ne rate pas.
Donc je temporise avec une vitesse très moyenne. Un couple me double en drafting (monsieur aide madame sur les 20 derniers kms) sans honte apparente.
Je remonte finalement la prom et croise Florent qui est à son 2eme tour je pense.
On est pas loin des 10h de course.
Je dépose le vélo et un gentil organisateur m’offre un morceau de pastèque salvateur : quel bonheurr !
….Pause pipi, signe positif d’hydratation et en avant pour la transition…
Je me prépare calmement. A ce stade, je suis bien hormis des douleurs dues à la position vélo qui s’estompent. Je pose un emplâtre sur l’épaule pour calmer la contracture du vélo.
Je ne suis pas mécontent d’être sur le marathon car quoiqu’il arrive la fin approche . Reste à bien gérer mentalement l’allure, l’hydratation, l’alimentation pendant les 42 kms restants.
Arrive le premier ravito et oh surprise : quartiers d’orange et tucs : çà tombe bien, c'est un régal et c'est le bon moment pour moi de faire le plein de salé et de vitamine C…
Il ne fait pas aussi chaud , ce qui ne m’empêche pas de passer lentement sous les douches qui jalonnent le parcours CAP.
A ce début de marathon, un seul objectif en tête : récupérer les trois chouchous donnés par les bénévoles à chaque passage.
Je n’ai pas compté les kilomètres, juste les 1,2,3 chouchous . Et ça m’a aidé mentalement à passer la difficulté et à avoir une allure assez constante.
Que de joie d’entendre son nom crier sur la prom à chaque passage. (Pascal, Agnès, Neil, François aussi un grand merci) : du baume au cœur. Et j’en avais bien besoin.
Les tours passent, les participants se font plus fatigués que jamais. J’envie ceux qui ont déjà leurs trois chouchoux et qui sont donc dans le dernier tour.
Ben jette l’éponge car trop mal et Yann a un mal de ventre que personne n’aimerait avoir.
Deuxième tour et un premier chouchou gagné….je pense aux gamins qui cherchent le pompon sur les manèges de fête foraine….A chaque tour, j'éprouve la même joie !
A partir du 20eme km, j’ai un peu de mal à tenir le rythme…Mon allure de course s’affaiblit significativement. J’essaie de relancer la machine pour aller chercher le dernier chouchou…çà me semble une éternité.
Une bénévole me le tend et fait la danse hula pour l’ultime chouchou….
Quel réconfort (le chouchou, pas la danse hula
)
…Mais la course n’est pas terminée et il reste 10 kms…Je relance la machine même si j’ai l’impression que les ravitos s’espacent de plus en plus.
C’est la fin, le dernier tour. Là, rien ne m’empêchera de terminer.
Terminer, Finish, c’est précisèment ce qui me vient à l’esprit. J’essaie de ne pas ralentir…Plus vite c’est terminé, mieux c’est alors je maintiens le rythme.
Je me promets déjà d’accélérer au 40eme km. J’accélererai en fait plus tôt vers le 39eme (au fond, çà ne devait pas être bien foudroyant
).
Je développe une foulée plus longue, je zappe les ravitaillements, je sens derrière moi un autre coureur qui cherche à rester dans mon rythme. On s’était croisé dans le Col de l’Ecre et m’avait doublé…Là il est derrière moi et le restera.
Ultime bravoure qui ressemble à la course des déambulateurs dans OSS177 Rio ne répond plus. (https://www.youtube.com/watch?v=9x8DvgAty94)
Les ravitos passent et je ne m’arrête plus…Pas besoin car j’accélère et je tiens le rythme.
Les quelques kilomètres défilent, et les centaines de mètres, des mains se tendent pour faire des checks, çà sent bon.
Le mot finish line est maintenant écrit en grand devant moi, au-dessus de moi.
Je serre les poings, çà s’agite devant moi, je pense à ma famille, aux douleurs, à mon grand-père, j’accélère...
Je décide de passer la ligne d’arrivée en courant, en accélérant…
Quelques flashs, je monte le podium, je passe sous le Mdot, ……wooshhhh……. ;
Done……..Iron man !
la jolie médaille…instants de bonheur suspendus dans la soirée.
C'est terminé.
La zone de ravitaillement m'attend … Récupération des affaires de rechange .
Je reste un petit moment assis sur une chaise avec un morceau de pastèque entre les mains.
Je n’arrive pas à manger. Je me repose .
Trop de bruit autour pour appeler. J’envoie quelques SMS à ma mère pour la rassurer, à ma femme. Et je pars dans mon premier échange de SMS avec mon plus grand fils….L’impression que lui aussi a grandi….J’apprendrai qu’il passera en 6eme quelques jours plus tard avec de beaux progrès dans ses résultats scolaires. Un sacré soulagement et une grande fierté.
Le feu d’artifice clôture la journée .
Je récupère mon vélo et retour à l’hôtel pour un bain chaud bien mérité.
Je finis par m’endormir tard comme si je ne voulais pas que la journée se termine. Les pensées fusent : les 6 derniers mois, mon entraînement, le club, les amis, les encouragements réels et virtuels (posts : -) ) les conseils des iron men ,et surtout ma femme, la famille.
On ne termine pas un ironman tout seul….L’entourage compte beaucoup. Le soutien est crucial et sans eux, rien n’aurait pu exister.
14h31 : j’ai eu l’impression d'avoir maîtrisé la course, de bout en bout sans faire de grosses erreurs, de ne pas m’être cramé (pas de crampes) sans jamais avoir subi…
J’ai pris du plaisir et je m’endors avec les prochaines courses en tête…. !