J’arrive sur place vers 22h30.
Ca me laisse suffisament de temps pour récupérer mon dossard et me mettre en tenue.
J’avais emmené avec moi toutes mes tenues pour me décider sur place.
Finalement, j’estime qu’il ne fera pas très froid (température légèrement supérieure à 0) donc T-shirt manches longues respirant + coupe-vent avec un bandeau sur les oreilles et des gants.
En effet, j’ai rapidement chaud lorsque je cours et ce n’est pas la peine de trop se couvrir.
Départ à minuit de la mairie du Perray en Yvelines.
Nous sommes environ 400 (grand trail de 75 km + petit trail de 28 km).
Pour ce genre de course, mon allure est très tranquille, allure souple, rien à voir avec un semi ou un marathon.
L’objectif avant tout est de terminer, de plus je ne connais pas le parcours donc pas d’enflammade !
Le parcours est constitué de 3 boucles d’environ 25 km sans ravitaillement avec un retour à chaque fois au point de départ où un ravitaillement est organisé.
Comme je le redoutais, le parcours est bien boueux, très boueux même.
J’ai les pieds trempés au bout de 10 km même en essayant de faire attention où je pose les pieds.
Je n’ai jamais couru sur un terrain comme ça et de plus la nuit.
C’est difficile de courir dans ces conditions. Par moment, on traverse des zones extrêmement boueuse avec les pieds qui s’enfoncent jusqu’aux chevilles.
Ca va être costaud, qu’est ce que je fais à courir au milieu de la forêt en pleine nuit au mois de décembre ?
Finalement, les pieds mouillés me ne dérangent pas plus que ça. Je m’habitue aux conditions de coures.
La première boucle est donc très boueuse avec 500 mètres de dénivelés.
Pour l’instant, je cours au milieu des autres coureurs. Je me contente de suivre les autres et je me préoccupe pas de trouver les balises pour avancer.
A la fin de la première boucle, je commence à me retrouver assez souvent seul.
J’ai plutôt tendance à doubler qu’à être doublé mais je n’y fait pas trop attention.
Retour à la case départ au bout de 3h16.
Quelle bonheur de trouver de la soupe en arrivant. Il y a également des sandwiches au jambon et au saucisson, avec une tranche de tomme de Savoie c’est trop bon !
C’est un moment de réconfort mais il va falloir repartir.
Je reste environ 20 minutes et c’est reparti pour la deuxième boucle.
Cette boucle est la plus dure. Elle fait plus de 1000 m de dénivelé.
Il y a toujours de la boue mais maintenant ça n’arrête pas de monter et de descendre. Impossible de courir. Quand ça monte, je marche et quand ça descend, c’est tellement pentu et comme le terrain est très glissant, il faut assurer. Je fait quelques glissades à peu près contrôlées, c’est free style.
Maintenant, je me retrouve la plupart du temps seul. Je dois me débrouiller pour suivre les balises. De temps en temps, je m’arrête car je n’en vois plus. Là, je retourne sur mes pas et je me rends compte que je n’ai pas pris la bonne direction. De temps en temps, je rattrape des coureurs et on fait une partie de chemin ensemble avant de se séparer.
Je traverse une bonne période, je me sens bien, j’apprécie de me retrouver dans la nuit sous un ciel bien étoilé au beau milieu de la forêt. Ca fait un peu Blairwitch project.
Je manque de chuter en avant et je me rattrape tant bien que mal mais j’ai du forcer et mon genou n’a pas du tout apprécié. J’ai une grosse frayeur, ma première idée est de me dire que de se blesser en plein milieu de parcours c’est un peu galère … comment je vais faire pour rentrer ! La surprise passée, je réalise que je me suis fait quelque chose mais que ça ne me gêne pas pour courir. C’est donc reparti.
Je termine la boucle 2 en 7h02.
Je retrouve avec grand plaisir la soupe et les sandwiches jambon/saucisson/fromage. Les ravitos sur les trails, c’est top ! Ca change du sucré.
J’en profite pour remplir ma poche à eau. J’ai du boire un peu plus d’un litre, c’est pas beaucoup mais je n’ai pas ressenti le besoin de boire plus. Je me suis pas mal arrêté pour uriner en plus … en hiver, on transpire vachement moins. J’avais prévu également de changer de tenue mais je ne me trouve pas très mouillé et je décide de rester avec la même tenue.
L’ambiance dans le gymnase est bien différente maintenant. Il y a très peu de monde.
Les coureurs arrivent au fur et à mesure. J’en aperçois qui dorment dans des duvets dans les gradins. Certainement des femmes de coureurs. Ce n’est pas ma chérie qui ferait ça ;-) D’ailleurs quand je vois mon temps, j’en profite pour lui envoyer un SMS pour la prévenir que je n’en ai pas encore fini et qu’elle ne doit pas s’inquiéter.
Quelqu’un me dit qu’il n’y en a que 10 qui sont repartis pour l’instant. J’ai un peu de mal à le croire, un classement comme ça ne m’est jamais arrivé. On n’est pas nombreux aussi…
Je décide de répartir après 20 minutes de repos. Ressortir du gymnase est assez pénible car j’ai froid le temps de retrouver une température correcte en courant.
Rapidement, je ne vois plus de balises. Par où aller ? Je reviens sur mes pas et je ne vois rien. Je croise un courir qui revient d’encore plus loin que moi.
Nous errons pendant une vingtaine de minutes, d’autres coureurs arrivent et nous avons tous la même question. Par où va-t-on ?
C’est bien frustrant, car on a moyennement envie de faire des kms en trop et de plus je me refroidis.
Finalement, j’aperçois un bénévole qui me donne la bonne direction. Ils sont trop top ces bénévoles, à rester dans la nuit glaciale pour nous permettre d’assouvir nos passions.
La dernière boucle propose 200 mètres de dénivelé, tant mieux, y en a marre de monter et descendre !
Je retourne dans la forêt avec un parcours autour des étangs de Hollande. C’est toujours très boueux …
Le jour se lève … et je suis toujours en train de courir. Je me sens toujours bien, je cours quand c’est plat ou quand ça descend et je marche en montée, c’est la tactique du trailer.
J’aperçois des sangliers devant qui détalent en m’entendant. Ils ont du avoir plus peur que moi !
Je commence à trouver le temps long. Quand est-ce qu’on arrive ?
Un coureur me rattrape. Il court plus vite que moi et s’échappe rapidement. Je me rend compte que je n’ai pas les moyens de le suivre, je commence à baisser de rythme. Je ne sais plus où j’en suis, ma montre GPS n’ayant plus de batterie.
C’est long, quand est-ce qu’on sort de la forêt ? Je pense de plus en plus à la fin, c’est long, c’est long.
Je retrouve d’un coup celui qui m’a doublé. Que fait-il ? Il ne trouve plus les balises. Effectivement, on ne voit plus rien, on ne sait pas par où aller. Mon premier sentiment est de me dire « je veux en terminer, comment est-ce qu’on rentre ? Je veux sortir de la forêt !! » On se fait rejoindre ensuite par deux autres coureurs. Nous sommes 4 perdus au milieu de nulle part et ne savons plus où aller. Tout d’un coup, nous voyons arriver des membres de l’organisation en train de remettre des balises, un dé balisage sauvage a du avoir lieu. Je me remets en marche mais les 3 personnes avec qui j’étais sont plus rapides que moi, impossible de les suivre … Je n’y arrive plus. Je cours toujours dès que c’est plat mais ma vitesse à grandement chuté. Cette troisième boucle est plutôt plate avec pas mal de franchissement de rigoles avec de l’eau qui coule donc des sauts pour passer au dessus. Au bout de 9-10 heures de courses, c’est plus évident de sauter comme un cabri… Il y aussi des rigoles à suivre en courant. La course porte vraiment bien son nom.
Finalement, je sors enfin du bois et j’arrive en ville. Youpi, c’est bientôt la fin. Voilà, j’aperçois le gymnase, je rentre et ça y est, j’en ai terminé.
10h28. Je ne pensais pas que je mettrais aussi longtemps mais le parcours était très difficile.
17 ème sur un peu moins de 100 finishers et plus de 50% d'abandon.
On me propose un sandwich et une bière que j’accepte avec plaisir, c’est trop bon !
Voilà, ça, s’est fait !
Sur le coup, je me dis « plus jamais ça », ça ne vous rappelle rien ?
PS : De retour à la maison, même pas fatigué. Déjeuner en famille, puis après le café, gros coup de barre ! Direction mon lit pour une sieste de 2h un peu trop courte quand même …
A bientôt,
Greg
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et que le parcours est terrible !
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